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Notes  1/07/19

Texte de frère Christophe de Tibhirine,
extrait de l'homélie 24
dans : " La table et le pain pour les pauvres " 

Coll Tibhirine n° 4

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20 août 2019

Il y a un an, nous étions interpelés par la lettre que le Pape François adressait au peuple de Dieu.
Mois après mois, nous avons trouvé en ces pages des méditations pour participer à la démarche de conversion de l'Eglise.
Aujourd'hui nous mettons fin à ces publications avec un poème de Frère Christophe... qui pourra nous accompagner chaque jour !

                 La guerre dernière

     Au combat d'aujourd'hui
     le   jour        enrôle.
                                               C'est la guerre dernière.
                  
                        jusqu'à l'extrême
                        il   faut  tenir,
                        garder  le  témoignage
                        et  vaincre         par le regard   
                  
                        jusqu'à l'extrême
                        il  faut  bénir,
                        offrir l'action de grâce
                        et  vaincre         par la louange
                  
                        jusqu'à l'extrême
                        il  faut  servir,
                        faire la vérité
                        et  vaincre         par l'amitié
                  
                        pour  gagner     le  cœur  de    l'homme
                        il    faut
                                               AIMER    .

Nous accueillons la lettre que le Pape François nous a adressée le 20 août 2018.papefran

Nous poursuivons notre démarche : être présent dans ce nouvel agir ecclésial, auquel le Pape François nous invite tous à participer. « apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront.  »

1r juillet 2019 : neuvième regard : les armes de l'obéissance (Frère Christophe)

1r Juin 2019 : huitième regard : Croire, c'est l'œuvre de Dieu (Frère Christophe)
1r mai 2019 :septième regard : rebâtir l'Eglise (Frère Christophe)
1r Avril 2019 : sixième regard : autorité du Serviteur (Frère Christophe)
2 mars 2019 : cinquième regard : des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d'aujourd'hui... (Frère Christophe)
1r février 2019 : quatrième regard : images du bonheur (Frère Christophe)
1r janvier 2019 :troisième regard : pour aimer comme Lui, écouter Dieu, (Frère Christophe)
2 décembre 2018, premier dimanche de l'Avent, deuxième regard : l'identité d'un disciple ami.(Frère Christophe)
1r novembre 2018, premier regard :qui est ce Seigneur ? (extraits homélie F. Patrice, Tamié)
 
Photo grenier : newletter journal La croix 21.08.18

1er juillet 2019

Le Pape François nous a écrit :

Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd'hui.
et un peu plus loin :
(Il nous faut) doubler d'efforts pour éradiquer cette culture de mort.

Il nous faut poursuivre notre modeste action de réflexion, de prière, d'engagement...
En ce mois de juillet où nous fêtons saint Benoît de Nursie, frère Christophe nous dit quelles sont les armes que celui-ci nous propose.

Dieu est avec moi comme un guerrier redoutable. (Jr 20, 11)

Dieu : guerrier redoutable. Ainsi l'appelle Jérémie. Peut-être nous rêvons d'un Dieu tendresse. Rêver, c'est fuir le réel. Dieu guerrier, c'est Dieu avec nous dans le combat, dans le réel. Dieu fort : qui se charge de la cause de l'homme. Si tous les croyants pouvaient, comme Jérémie, lui confier leur cause, la lui remettre et rendre leurs armes, toutes. Qui n'a pas les siennes ? Le laisser combattre, vaincre, prendre sa revanche, défaire le Mal.
Nous, chrétiens, regardons l'Agneau blessé, vainqueur et soyons solidaires de son combat dans ce monde terrible. Vivant oui : c'est lui notre bouclier. Son cœur blessé est notre arme de victoire ; sa joie, notre rempart.

Sa joie : notre rempart. Car il y a combat, guerre, et tout homme n'est pas gagné au Christ. Il y a combat, guerre, depuis ce jour où le péché est entré dans le monde. Ce jour n'en finit pas : le mal continue d'entrer. Nous le laissons entrer ce mal qui vient du dehors, apportant la mort. La Mort n'est pas originelle : c'est une maladie mortelle et contagieuse. Contre elle, le remède de la Loi est impuissant car le péché est avant la Loi. le péché est bien plus qu'une transgression. C'est désobéir, désentendre ; c'est laisser entrer la mort, le mensonge homicide, c'est couper la communication vitale, rompre l'Alliance. Pour combattre, il y a plus efficace que de brandir une Loi. "Prends", dit Benoît au disciple (RB Prol 3) "Prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance afin de militer pour le service du Christ, le vrai Roi". Si le péché est plus qu'une transgression l'obéissance sera bien plus qu'une conformité, qu'une stricte observance.tenebres

Obéir : écouter l'Evangile. Entendre Jésus dire.

Le lieu de l'écoute on ne le choisit pas quand on est disciple de Jésus, le lieu de l'écoute n'est pas un lieu que je m'inventerais par une discipline (yoga, méditation transcendantale). Jésus parle dans les ténèbres : Verbe crucifié. L'écoute a lieu là où les ténèbres recouvrent le monde à l'heure de l'amour donné. Ce dévoilement dans lequel nous sommes saisis, transfigurés.

 

1r juin 2019

Qu'en est-il de cette lettre que le Pape nous a adressée, à nous tous membres du peuple de Dieu, il y a neuf mois ? Peut-on continuer à espérer un renouvellement de notre Eglise ? De ci, de là, quelques concertations, quelques ouvertures... Mais l'ensemble des structures, les habitudes, les mentaités sont toujours là, toujours aussi lourdes...
Et en même temps les chrètiens sont gravement persécutés dans plusieurs pays.

« Il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. » 

Le meilleur est donc de nous ouvrir à la conversion que l'Esprit-Saint ne saura pas nous refuser. Faisons nôtre l'interrogation des apôtres et des disciples au lendemain du vendredi-saint, celle des persécutés, celle de ceux qui ne voient aucune issue humainement possible au chemin qu'ils ont emprunté, et regardons dans la direction que Jésus nous montre quand il crie - avec nous - Mon Dieu, mon Dieu. Pourquoi m'as-tu abandonné ?

Pour nous offrir de renaître

Que notre cœur ne se trouble pas  (Jn 14,1), comme c'est bon quand on a le cœur troublé de s'entendre dire ça, de se laisser toucher par l'Evanglie, rejoindre par le Verbe.
Dans la voix de Jésus pas l'ombre d'un reproche. Il sait. Lui qui disait : maintenant mon âme est troublée. Et que dire : Père sauve-moi de cette heure... (Jn 12,27). Il sait bien.
Fiez-vous à Dieu, fiez-vous à moi (Jn 14,1). Alors : la foi, ça vient là, dans ce contexte trouble, au creux. Ça veut dire : Dieu est là. Sinon où est-il et qu'est-ce que ça peut me faire : s'il n'est pas là, avec moi. Oui, Jésus est là : Jésus croyant. Il crie : Mon Dieu, mon Dieu. Il se fie éperdument à Dieu. Jamais foi humaine n'était allée aussi loin, aussi vrai, aussi fou. Mon Dieu, mon Dieu. Pourquoi m'as-tu abandonné ?croixarc (Ps 21,2) Les vraies questions sont posées dans la foi. Pourquoi ? Réponds-moi.

Que notre cœur ne se trouble pas. Fiez-vous à Dieu et fiez-vous à moi (Jn 14,1). Croire, ce n'est pas une petite affaire... dont on serait quitte une fois accomplis ses désirs de religion. Croire ça dépasse infiniment la religion avec ses rites, ses catéchismes et sa bonne conscience. Croire c'est l'œuvre de Dieu. Ce travail-là, Jésus l'a fini : parfaitement. Jésus : l'infiniment croyant. Abandonné, seul, dans la confiance, il dit : Père, entre tes mains, je me remets (Lc 23,46).

Père, entre tes mains, je me remets (Lc 23,46). Oh ! il me semble qu'ici Jésus nous donne à voir ce que c'est en vrai cette MAISON du Père. Pas un bel édifice : ni temple, ni mosquée, ni synagogue, ni chapelle. La maison du Père, c'est : entre tes mains. Maison de prière ouverte. Maison de solidarité : pour des frères. Là Jésus habite : à demeure. Fils bien-aimé : il attire tout. Il y a place pour chacun. Et d'abord, place aux pauvres, place aux pécheurs en ce lieu béni et saint. Et la Bonne Nouvelle, c'est qu'on peut y aller : mon refuge, ma citadelle, mon sûr abri dans la détresse (Ps 62, 7-8). On peut y courir même : épris du bonheur perdu. Ces mains nous attendent. Déjà elles nous embrassent. Pour nous offrir de renaître. Maison de Liberté. Croire, c'est alors un mode d'habiter. Le croyant est un habitant. Puisque Dieu se fait habitable, c'est le devoir de l'hôte. Son unique devoir c'est le commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres, comme moi je vous ai aimés (Jn 15, 12). Entre les mains du Père, dans la maison de grâce, le Don se réalise : tous UN (comme nous, moi en eux comme toi Père en moi Jn 17, 23 ). La joie arrive, le Don.

Notes  1/06/19

Texte de frère Christophe de Tibhirine,
extrait de l'homélie, 4è vendredi du temps pascal 1993
cité dans "Lorsque mon ami me parle"
Coll Tibhirine n° 5

Photo : œuvre d'Arcabas, église de Tamié

1r novembre 2018, Premier regard : Qui est ce Seigneur ?

Le Pape François écrit : Apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur, à être là où le Seigneur désire que nous soyons, à convertir notre cœur en sa présence. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront.

Evangile de Marc 8, 27-35
En ce temps-là, Jésus s'en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée de Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.

Il commença à leur enseigner qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile la sauvera. »

Vous décrochez le téléphone et vous entendez une voix qui vous dit « devines qui t'appelle ? ». Vous bafouillez un peu, vexé de ne pas reconnaître de suite la voix de votre interlocuteur qui insiste et vous dit « pourtant tu me connais bien ! » Alors vous vous perdez en conjecture, en noms de toute sorte. Jusqu'au moment où vous trouvez le bon nom.
Hé bien, l'évangile de ce matin, c'est un peu ça ! Jésus nous pose à chacun la question est-ce que tu me reconnais et pour toi qui suis-je ? Et nous voilà bien pris au dépourvu. Et si ce n'était pas aussi seulement Jésus qui nous pose cette question, mais aussi des gens que nous rencontrons et que nous côtoyons et qui nous demandent « mais qui est ce Jésus que tu fréquentes » ?
Une possibilité : celle de rester muets, bien embarrassés pour dire des mots justes…peut-être parce que nous n'avons jamais réfléchi à cette question et ne nous la sommes jamais vraiment posée. On ne peut parler de quelqu'un si on ne l'a pas connu, fréquenté.
Peut-être aussi parce que nous nous souvenons des paroles d'un vieil aumônier qui donnait ce conseil à une équipe de chrétiens engagés dans les milieux défavorisés « Ne parlez jamais de Dieu, autrement vous l'abîmerez » et il ajoutait « portez Dieu en vous ; portez le dans votre charité, dans votre respect, dans votre service, mais n'en parlez pas. Autrement vous l'abîmerez ».
Et Benoît XVI dans son encyclique sur l'amour disait « le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu, et quand il est juste de se taire et de ne laisser parler que l'amour ».
Et puis c'est d'autant moins facile de dire qui est Jésus ou qui est Dieu pour nous qu'il y a un très beau passage de la bible. Dans le livre de la Genèse, Jacob, une nuit, se bat avec un inconnu qui lui barre le passage pour rejoindre toute sa famille. Et à l'aurore, épuisé par le combat, il demande à l'inconnu (qui n'est autre qu'un ange de Dieu) « mais dis-moi ton nom ! » Et pour toute réponse il reçoit une bénédiction. Alors, si Dieu même ne veut pas nous dire qui il est !
Mais, de ce combat qui symbolise la recherche de Dieu, Jacob ressort blessé et changé de nom.
Là nous rejoignons un autre aspect de notre évangile.
A propos de ce passage de la Genèse, Charles Péguy raconte l'histoire d'un homme qui arrive au ciel. Et l'ange qui garde la porte lui demande « montre-moi tes blessures ». L'homme répond « Mes blessures ? Je n'ai pas de blessures ». Alors l'ange lui dit « tu n'as jamais rien trouvé qui vaille la peine de te battre ? ».
Suivre Jésus, suivre Dieu n'est pas un chemin de tout repos. Jésus lui-même nous le dit « si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il prenne sa croix ».
(...)
Jésus nous parle de sauver nos vies. Qu'est-ce que cela veut dire sinon d'accepter d'entrer dans un cheminement, dans une relation que nous ne maîtrisons pas mais qui sauve la valeur de nos vies. Sauver sa vie c'est lui donner un sens. Sauver sa vie, c'est accepter de renoncer à ce qui n'est pas l'essentiel, de combattre et d'être blessé.
Alors pour comprendre Jésus Christ, pour pouvoir dire qui il est, il n'y a qu'une seule manière, c'est de le vivre. Dire que Jésus Christ est Dieu ou n'est pas Dieu, qu'est-ce que cela peut faire ? On jongle avec les mots. Pour atteindre Jésus Christ, il faut se dépouiller de soi-même ; il faut entrer dans cette pauvreté où l'on découvre Dieu, dans cette prière où il nous parle et où nous lui parlons de cœur à cœur et sans les mots. Alors, comme Jacob après son combat avec l'ange, nous sortirons blessés, bien sûr, mais transformés, transfigurés.

F Patrice, homélie (extraits) abbaye Tamié

2 décembre 2018, premier dimanche de l'Avent, deuxième regard : l'identité d'un disciple ami.
(Frère Christophe)

Le Pape François écrit :
« Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l'intégrité de toute personne. Solidarité qui demande de lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle,

Moi-je... dans la corbeille à papier

mereenf«Moi-je... dans la corbeille à papier»... Parole prophétique... d'une maîtresse d'école de notre enfance, à Blois? Mais quand même... faut-il ainsi se déprécier: bon à rien, emballage perdu? Question vitale, à tout âge de la vie: comment dire «je» en vérité et dans la charité, sans prendre la place de l'autre, sans rien abîmer. Vite, retournons à l'Évangile... surtout n'allons pas plus loin. Mais... une autre question risque bien de nous retenir, de nous arrêter en chemin ou avant même de partir: l'Évangile... c'est si loin, quel rapport avec moi aujourd'hui, maintenant, quel intérêt... des mots, de la morale pour... moines ou prêtres ! Eh bien, je voudrais vous dire, il y a quelque chose d'important qui a été dit, qui a été entendu tout à l'heure dans la première lecture, écoutons encore : elle demeure en vous par l'onction par laquelle il vous a consacrés et vous n'avez pas besoin qu'on vous instruise. Vous êtes instruits de tout par cette onction qui est vérité et non pas mensonge (oui, il y a le vrai et puis, bien au-delà de l'erreur ou du faux ou de l'errance : le mensonge qui tue, qui détruit l'homme créé à l'image de Dieu, qui tue le Christ en nous). Suivant ce que l'onction vous a enseigné : vous demeurez en lui.

Une onction... quelque chose de doux qui vous recouvre, vous pénètre, vous fait du bien. Ça enseigne au-dedans et ça nous fait habiter ailleurs qu'en nous-mêmes... Ça, c'est une heureuse nouvelle, mais quand même ça reste peut-être un peu difficile à comprendre. Comment retourner à l'Évangile : nous convertir ensemble à cette Parole de vie et de paix. Oh... il faut du silence... un long silence qui parfois prend la couleur de la nuit : angoisse et peur, révolte et cri.

L'onction : ce mouvement venu du cœur même de Dieu, ce toucher divin vient nous rejoindre là où nous sommes, là où nous sommes ensemble... sur une péniche ou dans un monastère (et ce n'est pas sans ressemblance : au fil de l'eau, étrangers et passants), à l'école ou dans la rue avec les amis, en vacance, en voyage... Oui, l'enseignement quand il vient de Dieu : c'est du pratique, c'est le quotidien peu à peu transfiguré, c'est le réel dans sa dimension d'éternité : ce que le Fils nous a promis : c'est la vie éternelle, si on s'y tient. Je prends appui sur : je crois, j'adhère, j'espère en toi, mon Rocher, ma Citadelle. Qui es-tu ? (Jn 1,19), demandent les Pharisiens à Jean-Baptiste dans l'Évangile d'aujourd'hui.

Revenons à ce moi-je à laisser dans la corbeille à papier ou bien-dans le cœur de Jésus. Je ne sais pas... est-ce le «moi-je dans la corbeille à papier»? Peut-être bien que non, ou du moins si le moi-je, le je égoïste, celui qui s'impose et prend toute la place, doit bien être jeté comme un poids mort, ce n'est pas en premier: il faut d'abord découvrir la relation qui me donne d'être : je. C'est l'autre qui me donne : d'être quelqu'un au milieu, au cœur de toi. Ensuite l'idole de mon moi sera détruite, anéantie : vraiment bonne à être jetée dans la corbeille à papier. Car j'ai mieux à faire que d'être un moi-je, fermé, replié sur lui-même. Je t'aime, dit Dieu à chacune, à chacun. Noël, c'est ça : Tu es car Je suis avec toi, Je suis au milieu de toi. Voici mon Fils (Le 3,22; 9,35). Et c'est une réalité possible: nous pouvons naître. Marie, l'Église sont là pour ce travail.

Et Marie, dès l'Annonciation, le savait d'expérience : elle qui toute sa vie durant accueillit, jour après jour, dans le quotidien très ordinaire de sa vie de femme juive : l'onction qui enseigne Dieu. Oui, Marie reçut de l'Ange cet Évangile pour elle et pour nous : tu es, tu es pleine de Grâce, tu es Marie. «Je t'aime Marie, je t'aime, je n'ai que toi, avec toi je ferai ma vie» (Joe Dassin). Le Seigneur est avec toi. L'Esprit Saint te prendra dans la douceur de son ombrage. Ce Je t'aime de Dieu, c'est Pâque. Le Je t'aime de Dieu prend la forme d'une Croix, déclaration d'amour fou jusqu'à l'extrême ; devant la haine, devant le mensonge, devant la trahison, le Je t'aime de Dieu tient bon. Oui, le cœur reste ouvert jusqu'au bout et la main - l'Esprit - nous donne ce cœur : là est la source de la Vérité, là est le secret de l'intelligence, celle des cœurs pauvres, là est la vie : Voici ton fils (Jn 19,26), dit Jésus à la femme debout. Voici ta mère (Jn 19, 27), dit Jésus à chacun.

croixQui suis-je? Je suis aimé. Je reçois mon identité de Jésus : l'identité d'un disciple ami. L'identité d'un fils né dans l'Église : identité en Christ premier-né d'une multitude de frères et sœurs.

Oui, frères et sœurs, voyez de quel grand amour nous fait don le Père : enfants de Dieu, nous le sommes. Notre identité sans cesse menacée, ébranlée, trouve là son fondement, son origine: oui, je vous le dis : Vous êtes dans le Corps du Christ, dans la force du Don, vous êtes chacune et chacun :
                             un autre Christ,
                             une humanité par le Verbe,
                             une liberté pour accueillir l'Esprit d'amour et lui offrir une histoire.

 

Frère Christophe, Notre-Dame de l'Atlas 2 janvier 1990
Cité dans : "La table et le pain pour les pauvres"

ecoute1r Janvier 2019

Écoutez-moi : sinon comment pourrez-vous aimer comme moi ? (Frère Christophe)

Le Pape François écrit :

« réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d'une culture de la protection et du « jamais plus » à tout type et forme d'abus.»

Écoute, dit le Seigneur. Et nous voici entraînés bien au-delà de nos petites histoires : écouter nous donne accès à l'intelligence du Mystère, à l'intelligence d'un peuple, choisi pour accueillir, pour entendre de Dieu sa Parole d'Alliance. Écoute Israël c'est toi que Adonaï ton Dieu a choisi pour son peuple. Écoutons bien... ce n'est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples car vous êtes le moins nombreux (Dt 7, 8) Mais c'est par amour pour vous... écoute, mon peuple, c'est par amour. 

Écouter, c'est croire, s'avancer jusqu'à toucher cette Parole de Vie. C'est accepter, consentir à cette Proximité qui vient : Fiat de Marie, la comblée de grâce. Qu'il me soit fait comme tu me parles (Lc 1, 38)
Écouter : ce long et silencieux mouvement de dépossession, désappropriation, écoute ma fille, regarde et tends l'oreille, oublie, oublie ton moi... le roi sera séduit (Ps 44,11-12)

Écoute, dit Dieu, sans se lasser, jusqu'au bout : entends mon amour. Il a pris chair. Ne va pas te cacher dans le jardin (cf Gen 3,9) Je viens m'entretenir avec toi. Écoute... entends mon amour. Laisse les mots d'amour venir à toi, se déposer en toi, comme un sceau sur ton cœur.

Ecoutez-moi : sinon comment pourrez-vous aimer comme moi ?

Écoute : Pierre, m'aimes-tu ? Seigneur tu sais que je t'aime.
             Pais mes brebis (Jn 21,17)
             deviens le serviteur de l'amour du Père
                         le témoin de l'Amour crucifié
                         l'ami

Écoute, toi le disciple bien-aimé
                         voici ta mère (Jn 19,27) : tu aimeras
                                      comme moi
             entends : à elle je dis : vois ton fils (Jn 19,26)
                                    c'est moi sa vie
                                                son être
                                                sa vérité et sa grâce
                                    c'est moi son amour
                            et toi Femme
                            et toi Eglise
                                       tu es la Mère de tout amour, de toute grâce

Écoute : je suis pauvre, nu, affamé, prisonnier (Mt 25, 35-39) :
             écoute c'est moi que tu persécutes (Ac,9,5)

écoute : je me tiens à la porte (Ap 3,20) : je te parle
par mon regard : aime

écoute, ouvre ton cœur
                       et nous prendrons la cène ensemble
                       moi en toi et toi en moi (Ap 3, 20)

écoute : je me tais
                       et dans le silence éternel
                       toi deviens une parole engendrée par le Père
                                              cette parole émise dans le Souffle
                                              son Je t'aime pour tous.


Cité dans : " La table et le pain pour les pauvres"    

1r février 2019

Le Pape François écrit :
Et nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame.

Porter notre regard sur Jésus qui détruit les images mensongères du bonheur.

Aujourd'hui, maintenant  : le bonheur se donne à entendre. Le bonheur se donne à qui écoute. Sommes-nous prêts pour cette écoute totale, entière... jusqu'à pouvoir chanter en vérité : Seigneur ! je n'ai pas d'autre bonheur que toi ! (Ps 15,2)

Jésus, pour nous dire que nous sommes heureux, redescendu de la montagne, s'est arrêté sur un terrain plat : pour nous livrer à hauteur d'homme ce bonheur venu de plus haut que l'homme... ce bonheur éprouvé dans la prière, là, juste avant, dans le texte. Heureux l'homme... comme un arbre près de la source (Ps 1,3). Oui, un homme heureux nous parle. Un homme infiniment divinement heureux, prend le temps de nous entretenir : du Bonheur de Dieu.

(...) Mais voici encore une autre voix : qui me parle du dedans de ce Livre ouvert. Elle vient de Rome (Dom Bernado Olivera. Lettre aux membres de l'Ordre sur la lectio lectio divina, 1992) : libre, heureuse et fraternelle. Elle dit : « Bienheureux ceux qui vivent à l'écoute de la Parole. Je suis et je serai pour eux l'éternelle réponse. Malheur à ceux qui ne veulent pas m'entendre ». Oui, quand le bonheur, en Jésus, se donne à entendre. Il n'y a pas de plus grand malheur que de se fermer... Le bonheur de Dieu ne s'impose pas. Il n'a qu'une Parole pour se donner, se proposer, s'exposer. Bientôt, nous l'entendrons - ce Bonheur infini - se dire pour nous : Ceci est mon Corps. Ceci est mon sang (Lc 22,19-20). Mon bonheur livré, versé, pour la multitude.

Le bonheur n'est pas encore à voir... Non. Jésus plutôt détruit les images mensongères : le bonheur comme richesse, réussite, épanouissement, satisfaction. Jésus dénonce l'illusion du bonheur égoïste, aliénant, et oppresseur. Et j'entends la voix de Rome (Lettre de dom Bernado) : « Malheur aux moines et aux moniales qui chérissent des biens personnels, aux monastères qui mettent leur confiance dans leurs biens et dans leurs propriétés, ils vomiront éternellement leurs jeûnes, leurs veilles se transformeront en insomnies anxieuses et le travail de leurs mains ne leur servira à rien. »

Pour voir le bonheur : pas d'autre image que la Croix. Le bonheur ici se donne à croire. Il vient, il s'approche, il se tient derrière notre mur, il sonne. Le voici à la porte : heureux les pauvres, vous qui pleurez maintenant. (Lc 6, 20-21) Le bonheur, frères, se donne à entendre à l'école cistercienne de charité de Tibhirine. Et l'observance du silence prend une importance, une exigence infinie, un air de fête, en même temps : se taire pour accueillir, entendre le bonheur qui se dit là. Les croyants, les priants ne sont-ils pas invités d'abord à l'ECOUTE du Bonheur de Dieu. Invités à lui obéir ensemble, à le mettre en œuvre avec lui : pour que cesse le mensonge qui trompe - au nom de Dieu - l'espérance des pauvres.

(...) Faire mémoire du bonheur de Jésus : Dieu et l'homme embrassés.

Cité dans : " La table et le pain pour les pauvres "  

2 mars 2019

Dans sa lettre au peuple de Dieu le Pape François cite ce passage de l'exhortation "La joie de l'Evangile"

« Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l'Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d'autres formes d'expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d'aujourd'hui » (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.11).

Des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d'aujourd'hui... « Si vous aviez la foi vous diriez...» Frère Christophe nous invite à croire qu'une parole prophétique est possible... si nous avons la foi !
Bonne occasion que ce carême pour nous ouvrir à une relation plus vraie, plus profonde avec Dieu. Que notre « Je crois » se laisse jardiner par Jésus !

Soyons guetteurs : guettons ce que dit Jésus, ce qu'il veut nous dire. Soyons guetteurs, à l'affût des mots du Maître, du Seigneur.
Jésus, venu de la part de Dieu : c'est la foi qu'il cherche et non pas l'assurance des religieux, la foi des croyants, la foi des serviteurs Abraham, Moïse, David, Marie.
Jésus, il est envoyé par le Père pour chercher, pour éveiller la Foi de l'homme, pour la mener à sa perfection. Aussi quelle surprise, quelle admiration lorsqu'il la rencontre, même hors de son peuple : Femme ta foi est grande. Je n'ai pas trouvé en Israël pareille foi. (Mt 8,10). Mais aussi Jésus s'interroge : Le Fils de l'homme quand il viendra sur la terre, trouvera-t-il la foi ? (Luc 18,8)

Aujourd'hui, Jésus dit : Si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde (Luc 17,6). La foi comme une graine a besoin de terre. Une terre accueillante, silencieuse, hospitalière, nourricière. La foi d'abord a besoin d'humanité, d'humilité. La foi a besoin aussi d'un jardinier : Jésus, lui qui habite toujours les jardins. Ensuite, comme une graine, la foi ne demande qu'à pousser, à grandir. C'est l'œuvre de Dieu, une œuvre de naissance et qu'est-ce qui vient au jour : une parole : si vous aviez la foi, vous diriez sortie de terre parole de chair. Une parole inédite, curieuse, folle : vous diriez à ce sycomore : déracine-toi et plante-toi dans la mer. Parole prophétique. Poème de jardinier. Jésus sourit en disant ça : une parole de vie, pour faire vivre heureux. Si vous aviez la foi, vous diriez : je crois et je parlerai (Ps 115,10). papilonJésus jardinier dispose en chacun ce qu'il est : son Je suis, son être dialogal, et chacun doit le dire avec son accent particulier, avec sa musique singulière, dans sa langue... A chacun de chanter le chant du serviteur et à chacun d'exprimer sa prière. Mais quoi ? Il s'agit de parler à un arbre ! Oui, il s'agit de parler à la terre entière : terre entière chante ta joie, les arbres des forêts dansent de joie (Ps 95, 12). Il s'agit de parler. Oui, comme Dieu au commencement quand il créa : il dit. Et cela fut (Gn 1,3). La création toute entière, abîmée par le Mensonge, la parole pervertie, aspire à s'entendre dire une parole libre, une parole prophétique, une parole de grâce : Déracine-toi et plante toi dans la mer (Luc 17,6). Quelle révélation « culturelle » !

L'évangile de Dieu : force et puissance de salut. Parole nouvelle : tout a été créé par le Verbe. Parole de grâce. Parole qui délivre les personnes, les peuples, de leurs attachements, de leurs entraves, de leurs servitudes : il élève les humbles, il renverse les puissants de leur trône. (Luc 1, 52)

Cité dans : " La table et le pain pour les pauvres "  extrait homélie 19

1r avril 2019

lavementDans le texte proposé à notre prière le mois dernier, frère Christophe après nous avoir invités à laisser jaillir en nous une Parole de foi, efficace, nous invite à devenir serviteurs. A quelques jours de la célébration du rite du lavement des pieds il nous est bon d'entrer dans cette méditation, invitation qui rejoint la parole du Pape François dans la lettre que nous nous efforçons d'accueillir :

Chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d'ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l'autorité dans l'Eglise.

Autorité du Serviteur !

Si vous aviez la foi (Lc 17,6). Si nous avons la foi, nous pourrons dire bientôt : parole sur le pain : Ceci est mon corps donné. Parole sur la coupe : Ceci est mon sang versé (Lc 22, 19-20). Et nous serons prophètes : ouvriers du Royaume. Et nous serons serviteurs du Verbe, faisant ici et maintenant ce qu'il dit en nous : serviteurs quelconques travaillant sur du pain très ordinaire et sur du vin fruit de la vigne d'ici et du travail des gens d'ici. Ouvriers du Verbe ordinaire.
Si tous les croyants, si tous les humains enfin acceptaient de dire : les Serviteurs inutiles, c'est nous. Serviteurs bons à rien, oui, voilà ce que nous sommes. Alors ce serait la paix. Dieu enfin pourrait avec toutes ces bonnes volontés enfin disponibles, délivrées de leurs ambitions, de leurs rivalités, de leurs rancunes et rancœurs : Dieu enfin pourrait avec nous travailler : faire du neuf, du nouveau, des choses inédites plus encore que des arbres plantés en mer profonde. La petite histoire*, racontée par Jésus sur un ton très ordinaire, avec des mots sans prétentions : elle nous conduit très loin dans la vérité.

Et c'est heureux de voir que saint Benoît ne veut pas nous conduire ailleurs. Au cœur de la Règle, au chapitre 7 des degrés de l'humilité, le moine fait cette expérience : il éprouve cette vérité concrète et de disponibilité à la prière sans laquelle il ne saurait être moine (Règle 7,50). Serviteur inutile : qu'il se considère comme mauvais ouvrier et incapable, s'appliquant la parole du prophète : je suis réduit à rien et ne suis rien, je suis devenu comme une brute devant toi (Ps 72,22). Expérience négative ? Non, expérience pascale car le psalmiste, le priant prophète, continue : comme une brute, mais je suis toujours avec toi. C'est Pâques : le Serviteur humilié, outragé, meurtri, vraiment bon à rien, ce crucifié incapable de se sauver lui-même, le Serviteur est exalté. Dans la foi il disait : Je ne suis pas seul, le Père est avec moi (Jn 16,32). Le voici glorifié, il est à la droite du Père.

Je suis avec toi (Ps 72, 23 ; Ac 18, 10) : voilà où Jésus veut venir avec son histoire. C'est là qu'il veut nous attirer. Le Maître va-t-il trouver la foi ou bien un esclave enfermé dans sa logique du devoir : le travail dû, avec sa contre partie : une nourriture périssable tout juste bonne à refaire des forces ? Nous pouvons vivre plus ou moins dans cet univers où le Maître intraitable, ingrat, c'est nous : toujours préoccupés de réussir, de défendre une certaine image de nous-mêmes, toujours plus ou moins aigris ou déçus de ne pas la voir assez reconnue, toujours actifs, toujours en dette d'une chose à défendre, d'une chose à faire ; on doit toujours quelque chose, on a toujours à payer quelque chose. Pas de place pour un vrai repos, pas de place pour la grâce, pour le Don.

Serviteur bon à rien (Lc 17,10), sans toi je ne peux rien faire, faible : mais je peux tout en toi qui me fortifies (cf Ph 4,13 ; 2 Co 12, 10).
Alors commence le vrai travail : celui de qui est éveillé au Don. L'agir est reçu : Faites tout ce qu'il vous dira (Jn 2,5). dit Marie aux serviteurs de la noce. Faites tout ce qu'il vous dira, dit l'Eglise. Mettez en œuvre la Parole et obéissez aux commandements de Jésus : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15, 12). Force nous est de constater qu'en ce domaine, nous sommes plus que bons à rien, nous sommes une communauté de bons à rien. Ici peu commencer la mission. Jésus nous livre l'Esprit et l'Esprit nous donne le bien propre de Jésus pour servir. Jésus, l'unique Serviteur ; Jésus, l'unique bon à rien. Jésus venu pour servir. Quand vous aurez élevé le fils de l'homme, vous saurez que « Je suis » et que je ne fais rien de moi-même (Jn 8, 28)

Voici qu'il est au milieu de nous : laissons-le être Je suis.

Notes  1/05/19

Texte de
frère Christophe de Tibhirine,

notes sur l'évangile de Matthieu,

cité dans
« Lorsque  mon  ami me parle »
Coll Tibhirine n° 5

Photo : veillée pascale à l'abbaye de Tamié

1r mai 2019

Rebâtir... rebâtir Notre-Dame de Paris, qui, dévastée, devient pour certains le symbole de l'Eglise ébranlée par des abus, des erreurs de toutes sortes...
« Nous sentons bien, affirme monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris, que nous n'aurons pas seulement à rebâtir notre cathédrale, mais à reconstruire aussi notre Église dont le visage est si blessé. »

Dans sa lettre le Pape François rappelle le Cantique de Marie :
Le Seigneur se souvient de la promesse faite à nos pères : « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Lc 1, 51-53)

Aujourd'hui encore le Seigneur vit « la promesse faite à nos Pères », avec frère Christophe de Tibhirine, entrons dans la méditation du changement opéré par Jésus, ...secret de Pâque !

Ils seront tous enseignés par Dieu (Jn 6,45 ; Jr 31, 34) - par l'Esprit qui ouvre à l'intelligence du Christ
Voilà la nouveauté que Jésus inaugure à l'encontre d'une tradition où une élite s'était érigée en maîtresse obligée faisant écran entre la Parole et les hommes à qui elle s'adresse.

 

La foi au Christ me fait entrer dans son agir :
           bâtir
           mon Eglise
         l'Eglise de Jésus-Christ
         mort et ressuscité

de quelle Eglise s'agit-il dans la conscience de Jésus ?
             - une Eglise bâtie par lui, qui en a l'initiative, la responsabilité
             - fondée sur un homme de foi : Pierre ayant reçu son nom de Jésus, appelé, choisi, pour
               être placé comme pierre de fondation

Jésus a besoin de ma foi fidèle
pour pouvoir édifier son Eglise
                               tout croyant dès lors qu'il croit
                               devient pierre utile au Christ
                               qui sait ce qu'il en fera 

                               donner sa foi au Christ c'est entrer
                               dans son Œuvre
     et son Œuvre est un affrontement, un combat
                               l'édifice est menacé, attaqué, abîmé
                               mais il résiste car LA MORT N'A PAS DE PRISE SUR LUI  (Mt 16, 18)  

Jésus ne distribue pas les fonctions d'une institution qui lui succéderait. Il a conscience d'être le maître d'Œuvre, le Bâtisseur du temple nouveau dont l'homme de foi est le matériau obligé dont lui Jésus a besoin car Dieu bâtit sur l'Homme, pierre de fondation de toute la Création.

Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux
ce Royaume dont j'ouvre l'espace à tous les pauvres
à toi d'en annoncer la Bonne Nouvelle
à toi d'en désigner la Porte dont tu connais le secret - de Pâque -

     Jésus ouvre l'homme à un changement possible
     non pas devenir meilleur
         devenir plus vertueux plus puissant
     mais devenir comme les enfants

il faut devenir capable de changement, de croissance
il faut accepter de se mettre à l'école du Verbe, à l'écoute de l'Evangile seul capable d'opérer ce changement fondamental

Notes 1/04/19

*"la petite histoire" : la parabole citée dans le début du texte (2 mars)
"Si vous aviez la foi..."

Auteur du texte :
frère Christophe,
suite de l'homélie 19
dans : " La table et le pain pour les pauvres " 
Coll. Tibhirine n° 4