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S Y N O D E SUR LA F A M I L L E
L'Eglise vit un synode à propos de la famille, voici comment un moine cistercien, Thomas Merton (20è siècle), parle du mariage...
Nous pourrions mieux comprendre la beauté de la vocation religieuse si nous nous souvenions que le mariage est également une vocation.
La vie religieuse est une voie spéciale d'accéder à la sainteté, réservée à un nombre d'êtres relativement restreint. La voie d'accès ordinaire à la sainteté et à la plénitude de la vie chrétienne est le mariage. La plupart des hommes et des femmes se sanctifient dans cet état. Et cependant de nombreux chrétiens qui ne se sentent pas appelés à la vie religieuse ou à la prêtrise s'écrient : « Je n'ai pas de vocation! » Quelle erreur! Ils en ont une merveilleuse, d'autant plus qu'elle est relativement libre et peu conventionnelle.
Car « la société » qu'est la famille vit fort bien d'après ses lois intérieures spontanées, sans règles ni coutumes codifiées. L'amour est sa règle, et ses coutumes sont l'expression vivante d'une profonde et sincère affection. En un certain sens, la vocation à l'état de mariage est plus désirable qu'aucune autre parce que cette spontanéité, cet esprit de liberté et d'union dans la charité sont accessibles à l'homme ordinaire dans la vie de famille. Le formalisme et le manque de naturel qui se glissent dans les communautés religieuses sont difficilement admis dans le cercle de famille où de fortes valeurs humaines triomphent des incursions de l'artificiel.
Aussi les gens mariés, au lieu de déplorer leur prétendu « manque de vocation », devraient hautement apprécier celle qu'ils ont reçue. Ils devraient remercier Dieu de ce que cette vocation, avec toutes ses responsabilités et ses épreuves, est un moyen sûr de se sanctifier sans être faussé ou desséché par un pieux formalisme. Les parents chrétiens, s'ils sont fidèles à leurs obligations, remplissent une mission aussi grande que consolante : celle d'amener au monde et de former de jeunes âmes capables d'amour et de bonheur, de sanctification et de transformation dans le Christ. Vivant en union étroite avec Dieu, Créateur et Source de toute vie, ils comprendront mieux que les autres le mystère de Sa fécondité infinie, qu'ils ont le privilège de partager. Le fait d'élever leurs enfants dans de difficiles circonstances sociales les fera peut-être entrer dans le mystère de la divine Providence plus profondément que d'autres qui, de part leur vœu de pauvreté, devraient idéalement dépendre plus directement de Dieu qu'eux, mais qui en fait, ne sentent jamais l'angoisse de l'insécurité.
Dieu a voulu que toutes les vocations manifestassent Son amour au monde. Car chaque vocation spéciale donne à l'homme sa place particulière dans le mystère du Christ, et un rôle à jouer dans le salut du monde. La différence entre les diverses vocations gît en la façon dont chacune permet à l'homme de découvrir, d'apprécier, de partager l'amour de Dieu et d'y répondre. Chaque vocation a pour but la propagation de la vie divine dans le monde.
Dans le mariage, l'amour de Dieu est connu et partagé sous le voile sacramentel de l'affection humaine. Le mariage est la vocation à une union surnaturelle qui sanctifie et propage la vie et étend le Royaume de Dieu en ce monde par les enfants qui seront membres du Christ mystique. Tout ce qui est le plus instinctif, le plus humain, le meilleur dans les affections humaines est ici consacré à Dieu, devient signe de l'amour divin et occasion de grâce.
L'amour divin est plus pleinement incarné dans le mariage que dans les autres vocations.
Thomas Merton, cité dans "Nul n'est une île" chap Vocation § 17-18