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La pensée cistercienne :
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          - sermons de saint Bernard de Clairvaux à partir du Cantique des Cantiques, extraits
          - florilège : très souvent cités : l'amitié,  la joie, la prière, le repos, le silence... et bien d'autres
Un aujourd'hui de la vie cistercienne : les événements   - Tibhirine  -la lectio divina -  la liturgie
L'histoire du monachisme cistercien
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L'  H E R I T A G E

« Voilà le message que nous pouvons garder dans notre cœur : 
                                                                                    à la suite de Jésus, faire de notre vie un je t'aime »

C'est ainsi que le Pape François termine la préface qu'il a accordé au livre réalisé sous la direction de Christophe Henning, "TIBHIRINE L'HERITAGE", recueil de témoignages : ce que les moines martyrs de Tibhirine, exécutés il y a vingt ans, nous disent aujourd'hui.

T I B H I R I N E   VIT

Après la mort des frères, durant les premières années, on a espéré l'implantation d'une autre communauté en ce lieu. Le monastère était en quelque sorte abandonné même si les voisins veillaient… En 2001, à la demande de Mgr Tessier, archevêque d'Alger, et du Père Barbeau, Père Abbé de l'abbaye d'Aiguebelle dont dépendait le prieuré de Notre-Dame de l'Atlas, le Père Jean-Marie Lassausse, prêtre de la mission de France, a accepté de devenir l'administrateur de ce lieu : « le jardinier de Tibhirine » *

Ses talents d'ingénieur agronome lui ont permis de développer l'exploitation des champs et des vergers et de travailler avec et pour les voisins, d'obtenir le nécessaire pour la nourriture des résidents et hôtes de passage… Des volontaires, aidés par des amis d'Europe sont venus travailler à la restauration des bâtiments. Alors, peu à peu, Tibhirine est redevenu un lieu de silence habité, lieu de rencontre, d'écoute, de partage… lieu de Paix… il s'est largement développé au cours des années.
De façon continue, des personnes sont là pour l'accueil, l'accompagnement, la prière…

« Signe manifeste que vivre ensemble entre chrétiens et musulmans est possible dans la maison de l'Islam. » (J-M L)*

Les moines ne sont plus là, mais ils sont partout tout le temps :
« Il n'y a pas de jours sans que soit évoqué « le temps des moines », leur manière de faire, la haute estime de la population, des visiteurs, des ouvriers et des familiers du monastère. » (J-M L)

Qu'ils aient connu les moines ou non, beaucoup se rendent à Tibhirine :
«  Combien de fois j'ai eu l'impression que Tibhirine était devenu un lieu de liberté pour des gens très différents mais en quête d'eux-mêmes et en quête du sens de leur vie. » (J-M L)
« Aujourd'hui encore des personnes montent au monastère. Elles viennent se ressourcer, chercher quelque chose, cueillir une odeur, un parfum que ni le temps ni la tragédie n'ont pu suspendre » (L T)*

 

T I B H I R I N E, MODELE DE VIE

« La communauté des frères est le modèle qui nous guide ». (J-M L)
« Tibhirine n’est plus une terre perdue dans la montagne. Elle est devenue un modèle de vie. » (L T)

Les moines avaient choisi une vie simple, ils cultivaient la terre. Ils ont ainsi contribué à améliorer les conditions de vie des voisins avec lesquels ils partageaient le travail… et les récoltes… Comme leurs « aînés », au moyen-âge, ils n’avaient pas eu peur de prendre une place qui n’est pas brillante dans les mentalités. Traditionnellement en Algérie, le travail de la terre est en effet celui des esclaves, venus du sud. Aujourd’hui encore, celui qui est contraint à cette activité, est une personne qui ne peut pas faire autre chose. « C’est dire combien ce labeur est à contre-courant des aspirations des Algériens, en particulier de la jeunesse ». (J-M L)

« Une existence de pauvreté et de prière au milieu d’une population elle aussi très pauvre et isolée
C’est l’attrait de la simplicité qui les avait jetés au flanc de cette montagne » (C R)*
Une manière de vivre proche de la terre, une manière de rappeler que nous venons de la terre et que nous y retournons. pour dire que la richesse est finalement ailleurs : cœur et esprit. (L T)

Conscients des besoins des villageois, ils sont allé plus loin, ils ont partagé les terres mais encore ils leur ont remis un espace dans un bâtiment pour en faire leur mosquée qui devenait école coranique le jour où les enfants pouvaient la fréquenter ; ils ont partagé les jours de fête, le rite du thé… ils ont appris la langue, autant qu’ils le pouvaient…
La présence de Frère Luc, médecin, a été d’un grand secours pour cette population traumatisée par les événements, elle a été un signe fort du respect de l’autre, lui qui soignait chacun sans se préoccuper de la religion ou de la place dans la société.

Chrétiens et musulmans ont donc partagé leurs vies, leurs aspirations, leurs soucis, leurs joies, leurs inquiétudes, leurs espoirs, leurs peurs…
Ce partage de vie a été le chemin du partage spirituel : dans les échanges quotidiens, spontanément, ils en venaient à dire quelque chose de « leur » Dieu…
« Moussa : » Peur de R ? Il n’y a que Dieu dont il faut avoir peur. »
« Le mal est chose mauvaise, c'est dans le cœur de chacun ».

« Voilà notre mission aujourd'hui : Tibhirine est une mission à continuer  » (J-M L)

 

N O T R E - D A M E   DE  L'A T L A S

En 1988 un évêque d'un diocèse du Maroc avait demandé qu'une communauté de cisterciens vienne dans son diocèse. Le prieuré de Tibhirine a alors ouvert une annexe à Fès : au cas où on ne pourrait faire autrement que de quitter l'Algérie, il resterait néanmoins une communauté chrétienne monastique en terre d'Islam. Le frère Bruno en a été nommé le responsable. Cette annexe permettait aux moines de Tibhirine de venir trouver un temps de répit, de repos…
Après la mort des frères, les deux rescapés de l'enlèvement, après avoir fait l'expérience qu'il était impossible pour eux deux de vivre à Tibhirine, frère Amédée et frère Jean-Pierre, sont venus, comme il avait été prévu rejoindre cette petite communauté. Ils retrouvaient ce qui avait été pour eux une raison de vivre en Algérie.

« Présence discrète et humble des moines au cœur de l'Atlas en terre musulmane symbole du vivre ensemble dans le plus grand respect de chacun. » (J-P S)*

En 2000 ils ont quitté la ville de Fès pour un lieu plus retiré, dans la montagne : Midelt. Voulu par les moines de Tibhirine, comprenant deux de ses membres il était normal que ce monastère reprenne le nom de Notre-Dame de l'Atlas.
Il en porte le nom mais aussi il en partage les orientations.
« Se laisser instruire par Dieu en se laissant transformer par la rencontre de l'autre.
Chercher de manière expresse le visage de l'autre qui professe une autre religion et qui est porteur du même Dieu. »
(J-P S) 

Vie partagée avec les habitants, l'amitié et la proximité sont, comme à Tibhirine le chemin de la rencontre qui peut aller jusqu'au partage de la prière et de l'expression de la foi.

Auprès de cette communauté et du dernier survivant de Tibhirine les demandes sont nombreuses : on aime « retrouver » la communauté des frères, on a besoin d'échanger avec Frère Jean-Pierre.
« Je ne suis que le témoin des multiples traces que la vie de mes frères laisse dans les cœurs.
Un souffle de vie qui ne s'occupe pas de nos frontières et qui raconte comment dans le dédale de nos existences éprouvées, dans l'imbroglio bouleversant de la vie du monde, notre joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance en jouant avec nos différences. »
(J-P S)

 

DES   H O M M E S   ET  DES   D I E U X.

La plupart des témoignages citent ce film.
C’est en regardant le film d’Emmanuel Audrain : « Le testament de Tibhirine » qu’Etienne Comar a eu la conviction qu’il devait faire un grand film présenté à Cannes sur l’engagement de ces moines. Nous connaissons le succès de ce film.
Les acteurs étaient connus des cinéphiles… des acteurs parmi d’autres…! Comment ce film a-t-il pu avoir un tel retentissement ?
Chaque acteur a dû travailler pour connaître le moine dont il devait interpréter le rôle : études de documents, rencontre de moines à Tamié, formation pour le chant, initiation à des gestes communautaires monastiques, par Henry Quinson, conseiller monastique du film... A travers ces exigences ces hommes se sont laissés touchés par un au-delà des événements qu’ils rappelaient, ils en ont saisi le sens, la grandeur,  ils n’ont plus « joué » un personnage, ils ont offert à la caméra la vérité qu’ils percevaient, « non une valeur spectaculaire, mais une dimension humaine ».

 

J U S Q U’A U   B O U T   DU   F E U.

Tous les témoignages le disent : les moines de Tibhirine étaient des hommes ordinaires.
Simplement, ils vivaient une histoire d’amour ! Ils n’ont pas pu quitter le village dont ils connaissaient la confiance et l’amitié, ils n’ont pas pu quitter l’Algérie, cette terre qu’ils aimaient. Peut-on quitter le chevet de l’enfant malade ?

« J’ai entendu des habitants de ce village dire :  les moines, ils nous aimaient »
« Les moines de Tibhirine n’étaient pas des héros, ni des surhommes. simplement des hommes ordinaires, saisis par Dieu et vivant de lui dans les actes les plus quotidiens de leur existence. » (C R)
« Ils ont donné leur vie en fidélité à Dieu, à la population du village et à cette terre qu’ils ont tant aimée. » (J-M L)
« Ils n’avaient pas le souci de l’avenir parce qu’ils croyaient en l’avenir de l’amour. Ils avaient les mains nues, le cœur ouvert, prêts à accueillir et à donner. » (L T)
« L’amour de la violence ne pouvait être vaincue que par la violence de l’amour » (C R)

« Allons-nous relever nous aussi sur nos chemins d'hommes et de femmes le défi de l'amour sincère et désarmé ? » (C R)

 

Livre cité : TIBHIRINE L'HERITAGE - Bayard éditions, sous la direction de Christophe Henning
Christophe Henning : journaliste au groupe Bayard
"Le jardinier de Tibhirine", Ed Bayard 2010 : Christophe Henning et Jean-Marie Lassausse
* J-M L : Jean-Marie Lassausse, prêtre de la mission de France, ingénieur agronome, responsable du site du monastère de Tibhirine depuis 2001.
* L T : Leïla Tennci, philosophe, chercheuse associée à l'université d'Oran.
* C R : Mgr Claude Rault, évêque dans le sud Sahara.
*J-P S : Frère Jean-Pierre

Photos, communication anonyme, le monastère de Tibhirine

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