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grenier - cisterciens       
La pensée cistercienne :
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 message : l'amour, l'Incarnation, Marie, l'existence chrétienne
          -sermons de saint Bernard de Clairvaux à partir du Cantique des Cantiques, extraits
          - florilège : très souvent cités : l'amitié,  la joie, la prière, le repos, le silence... et bien d'autres
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L'histoire du monachisme cistercien
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Démarche synodale avec les Bienheureux Frères de Tibhirine,

« Nous mettre à leur école pour entrer dans la joie et le bonheur qui a été le leur et qui a résisté à toutes les tribulations »
                    Marie-Dominique Minassian.

auteure du livre :
Moines de Tibhirine - Heureux ceux qui espèrent -Autobiographies spirituelles.
Tous les textes cités ci-contre sont tirés de cet ouvrage

I. La relation à Dieu
  . 1 Aimer et être aimé
  . 2 dans le doute et l'épreuve
  . 3 accompagné par des frères

II. En communauté

III. L'ESPERANCE

IV. Grâce de Noël
 

8 janvier 2023     ETAPE 4 - GRACE DE NOËL

Ténèbre et nuée l'entourent
justice et droit sont l'appui de son trône  (Ps 96) 

Le 24 décembre 1993 alors que les moines s’apprêtaient à fêter Noël, un groupe d'islamistes armés surgit au monastère

Frère Christian, le récit
Il venait demander des choses précises. Il était armé, poignard et pistolet mitrailleur. Ils étaient six en tout, et c'était dans la nuit. Il avait commencé par accepter de sortir de la maison, car je ne voulais pas parler avec quelqu'un en armes dans une maison qui a vocation de paix. Nous nous sommes donc retrouvés dehors... A mes yeux il était désarmé. Nous avons été visage en face de visage. Il a présenté trois exigences et par trois fois j'ai pu dire non, ou "pas comme cela". Il a bien dit "Vous n'avez pas le choix; j'ai dit :  Si, j'ai le choix. " Non seulement parce j'étais le gardien de mes frères, mais aussi parce que j'étais le gardien de ce frère-là qui était en face de moi et qui devait pouvoir découvrir en  lui autre chose que ce qu'il était devenu. Et c'est un peu cela qui s'est révélé dans la mesure où il a cédé, où il a fait l'effort de comprendre.
Après notre entretien dans la nuit, je lui ai dit : "Nous sommes en train de nous préparer à célébrer Noël, pour nous c'est la naissance du prince de la paix, et vous venez comme cela en armes ! " Il a répondu : "Excusez-moi, je ne savais pas."

Raconté le 8 mars 1996 à l'occasion d'une journée de récollection avec des laïcs à Alger p. 462

Grâce de Noël
Un jour, c'est promis, je vous expliquerai ce qui s'est passé. Une grâce de Noël très particulière, et pourtant un peu attendue. Il a fallu trouver des raisons supplémentaires de rester, et ce pas fait ensemble dans la foi, en lien avec l'évêque et Gilles Nicolas, a renforcé encore nos liens de communauté. Rare expérience de ce que peut être, concrètement, le don de sa vie : c'est très simple, au fond. Le risque était de ne pouvoir se dégager de la haine, ou de la peur. Il a fallu la présence de l'Enfant pour dénoncer les ténèbres et nous donner de ne pas craindre la nuit.
Extrait d'une lettre à sa mère 5.01.94, p.467

L'Emmanuel était peut-être le moins étonné de cette nuit qu'on lui réservait : n'était-il pas venu pour être "Dieu avec" là-dedans, quoi qu'il puisse lui en coûter ? La liturgie a joué son rôle parmi nous : soutenir la vie et la conduire au passage.
Extrait d'une lettre à Vincent Desprez 12.01.94, p.469

Personnellement, je commence à émerger d'une période où j'ai eu le sentiment d'être conduit instant après instant, et que l'important était de se laisser faire, et que l'Esprit serait là pour donner de dire et de faire. Inutile de vouloir devancer ou même voir plus loin. Pourtant, il fallait bien prévoir, mais c'est autre chose. Je ne peux rien m'attribuer de ce dont j'ai été l'instrument. A posteriori je peux simplement dire qu'il était bon que cela se passe ainsi. Parfois au mépris d'une prudence trop humaine. Il a fallu écouter, comprendre, tenir bon, discuter, résister. Et maintenant c'est la vie courante qui reprend le dessus, avec ses lourdeurs et ses tiédeurs. Il doit bien y avoir, cependant, un "état de grâce pour cela aussi ! A dire vrai, d'un côté ou de l'autre tout peut rebondir d'un moment à l'autre,. Mais un grand pas a été fait dans le sens de l'abandon... et plutôt que d'envisager le pire, l'urgence est maintenant d'espérer "contre toute espérance" C'est vraiment cela que nos proches attendent de nous.
Extrait d'une lettre à sa mère 4.02.94, p.469

Frère Christophe
On a été secoués, émotionnés, troublés bien sûr, mais au fond comblés de grâce tous et chacun nous avons reçu de la plénitude du BIen-Aimé grâce sur grâce
Lettre à ses parents 5.01.94 p 653