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Présentation grenier - cisterciens
La pensée cistercienne :
- message : l'amour, l'Incarnation, Marie, l'existence chrétienne
-sermons de saint Bernard de Clairvaux à partir du Cantique des Cantiques, extraits
- florilège : très souvent cités : l'amitié, la joie, la prière, le repos, le silence... et bien d'autres
Un aujourd'hui de la vie cistercienne : les événements - Tibhirine - la lectio divina - la liturgie
L'histoire du monachisme cistercien
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PREMIERE ETAPE
Des ascètes nombreux... plus ou moins dispersés...
Des mouvements ascétiques existaient parmi les juifs. Des formes chrétiennes variées apparaissent dès les premiers temps de l'Eglise. A la fin du 4ème siècle des ermites vivent dans tous les pays du pourtour méditerranéen convertis au christianisme.
Le monachisme est lié à l'idée de désert : solitude, séparation du « monde ». Les ascètes sont célibataires, là n'est pas leur seul choix. Ils renoncent également à tout pouvoir, à toute richesse, à toute relation, à toute activité qui les éloigneraient de leur seule préoccupation : la vie avec Dieu. Ils cherchent à se libérer pour être toujours davantage à Dieu, pour aller plus sûrement vers Lui.
C'est en particulier à travers une prière incessante, dans laquelle il centre toutes ses pensées sur Dieu que le moine vit cette union.
Le premier moine qui nous est connu est saint Antoine. Il vit en Egypte à la fin du 4ème siècle. Un jour, il entend à l'église l'appel de Jésus au jeune homme riche. Il vend tous ses biens, maison et domaine - relativement importants - en donne le prix aux pauvres et se retire dans un ancien tombeau désaffecté où il mène une vie de reclus. Plus tard il s'enfonce dans le désert où des disciples viennent le rejoindre. Son ami, Athanase, évêque d'Alexandrie, écrivit sa vie. C'est alors qu'apparaît le mot « moine » formé sur le grec « monos » qui signifie « seul ». On parlera plus tard des « anachorètes », mot formé également sur le grec qui signifie « qui se retirent ».
Retirés du monde les ermites n'en sont pas moins liés à l'Eglise dont ils font partie par leur baptême. Ils se réfèrent à la Bible et à l'Evangile ; autant qu'ils le peuvent ils participent à la célébration eucharistique chaque semaine.
Deux personnalités ont influencé l'expansion de l'érémitisme en Egypte.
Origène, responsable de l'école catéchétique d'Alexandrie leur donne une base doctrinale solide.
L'évêque d'Alexandrie, Athanase, persécuté par les Ariens vient de réfugier auprès de ces moines, accréditant ainsi leur mode de vie.
DEUXIEME ETAPE
La vie monastique se vit en commun
Des ermites ou des hommes désireux de mener une vie ascétique cherchent des maîtres... Ils vont se retrouver, quelquefois nombreux, auprès de ceux dont la réputation court dans l'empire romain....
C'est d'abord autour de l'Egypte, de la Palestine, de la Syrie que le monachisme s'établit. Dans cet empire qui s'étend du nord de la France au Moyen-Orient, les voyages sont fréquents aussi bien pour les classes aisées que pour les marchands : commerce, échanges culturels, et bientôt religieux, sont autant de motifs de déplacements.
Ceux que l'on nomme les « Pères du désert », s'ils ne sont pas connus individuellement, ont eu cependant un rôle très important. Les disciples ont gardé par écrits leurs « leçons » toutes simples et nourries de sagesse : des « maximes » que l'on nomme d'un mot français copié sur le mot grec : les apophtegmes. Ces manuscrits ont été traduits dans toutes les langues parlées dans la chrétienté, des différences existent de l'un à l'autre : les maîtres n'étaient pas identiques et les disciples ne retenaient pas tous les mêmes propos...
De nombreux adeptes se groupent autour de Pacôme, lui-même disciple d'un ascète nommé Palamon. Pacôme avait remarqué la bonté des chrétiens qu'il avait rencontrés alors qu'il était prisonnier parce qu'il avait refusé d'être enrôlé de force dans l'armée. Libéré, il rejoint des chrétiens.
Le nombre des disciples nécessite une organisation. Pacôme s'en tient tout d'abord à suivre le modèle de la primitive Eglise : mettre tout en commun : le travail, la prière, les repas.. vivre dans la charité... Ce furent les premières règles monastiques. Les communautés se sont multipliées, à la mort de Pacôme, en 346, on comptait en Haute-Egypte neuf monastères d'hommes et deux de femmes...
Des monastères de femmes furent en effet aussi florissants dans toutes les régions. Indépendamment des moines, des femmes s'organisèrent, vierges de nobles et illustres maisons mais aussi d'origine modeste.
En orient, c'est autour de Basile de Césarée que le monachisme va prendre son essor. Basile, jeune noble formé aux écoles de Constantinople désire mener une vie ascétique... il va voyager pour connaître les divers manières de la vivre. Il ne se laisse pas séduire par les extravagances de certains groupes. Quand il revient en Cappadoce il regroupe des disciples et écrit pour eux des « règles morales ». Il met en valeur le travail, l'intégration à l'Eglise locale, la vie commune stable, les œuvres de charité. Devenu évêque en 370, c'est l'ensemble de la communauté chrétienne qu'il invite à cet idéal de vie.
Parce qu'il est opposé à l'arianisme Hilaire, évêque de Poitiers, est exilé. En orient il découvre les communautés de saint Basile. A son retour en Gaule il encourage Martin qui fonde les monastères de Ligugé, puis de Marmoutiers. Un peu plus tard le monachisme s'établit en Provence avec Saint Honorat à Lérins et saint Victor à Marseille.
Après sa conversion et son baptême à Milan, Augustin revient en Afrique. Déjà, pour préparer son baptême il avait fait l'expérience de former avec ses compagnons une communauté de vie, intellectuelle, aristocratique, mais bien ascétique ! Quand il fut évêque d'Hippone, il proposa aux prêtres qui le voulaient de mener une vie communautaire, ce furent les premiers « chanoines » !
Les rapports entre l'Eglise locale autour des évêques et le monachisme n'ont pas toujours été faciles. Dans le souvenir du martyre qui avait été une imitation totale du Christ, les ascètes pratiquaient une rupture avec le monde, une conformité à l'Evangile qui « dérangeait ». D'autant plus que parmi eux apparurent des mouvements qui ne pouvaient être reconnus par l'Eglise : erreurs doctrinales comme celle de Pélage... ou extravagances corporelles comme celles des moines stylites : stations prolongées les bras en croix, prostrations innombrables... Ce ne furent que des mouvements éphémères...
Au départ, le monachisme fut d'abord une aventure « populaire », mais de riches patriciens chrétiens furent aussi séduits par cette forme de vie et ils eurent leur place dans les monastères... Il sera alors demandé à des moines de devenir évêques, de participer à l'animation de communautés chrétiennes, d'apporter leur concours aux œuvres de charité. Ceci en Occident alors qu'en Orient l'orientation contemplative des monastères restera absolue.
L'expansion du monachisme a été une source d'expansion culturelle. Les écrits sont nombreux : vies des saints, telle celle de saint Antoine écrite par l'évêque Athanase, règles de vie, enseignements... Parmi les plus répandus ceux de saint Cassien, d'Evagre le Pontique. Pour s'adonner à la lecture des Ecritures, la lectio divina, les moines constituèrent de véritables bibliothèques, pour chanter et prier ensemble ils établirent des lieux de cultes, composèrent hymnes et cantiques ! L'Orient écrivait en grec, l'Occident en latin... les lettrés étaient en nombre suffisant pour assurer des traductions...