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L'histoire du monachisme cistercien
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TROISIEME  ETAPE : L'EXPANSION BENEDICTINE

1. La vie de saint Benoît de Nursie

Nous connaissons saint Benoît par le livre « Les Dialogues sur la vie et les miracles des pères italiens » du Pape saint Grégoire le Grand
Malgré ses résistances, alors qu'il était moine, celui-ci a été élu Pape en 590. Il a beaucoup écrit. Le livre des « Dialogues » est composé de récits édifiants, dont la portée morale et spirituelle est bien adaptée à la religion populaire. 
Grégoire garantit l'authenticité de ses récits en ayant recours à des témoins oculaires
Pour saint Benoît ils sont quatre : Constantin et Simplicius, abbés du monastère du Mont Cassin à la suite de Benoît, Valentinien, abbé du Latran, monastère fondé par les moines du Mont Cassin après qu'ils aient fui les envahisseurs lombards, et Honorius abbé de Subiaco. 

Aux 4ème, 5ème siècles, l'Italie est déchirée par des guerres avec lesquelles alternent des périodes de paix. 
Les Barbares cherchent à s'enrichir, à s'établir et s'entre déchirent alors que les descendants des familles des empereurs romains revendiquent leur place, leur rôle... 
Pour en donner une idée citons Yvan Groby dans son histoire des moines d'occident : « Benoît naquit sous Odoacre, reçut l'habit à Subiaco sous Théodoric, fonda l'abbaye du mont Cassin sous Athalaric, y reçut la visite de Tolita, mourut sous le gouvernement de Narsès, » (Odoacre était roi des Herules, peuple germanique, il vainquit le dernier descendant des empereurs romains d'occident, il fut vaincu lui-même par Théodoric, roi des Ostrogoths. Athalaric, roi goth, est petit-fils de Théodotic, Narsès est général byzantin...!) 

Recherche de paix et de proximité de Dieu dans un monde complètement désorienté ? le monachisme a été très florissant en Italie durant toute cette période. Saint Grégoire cite au moins une quinzaine de monastères dans la région de l'Ombrie. Il y en avait sans doute bien d'autres dont il n'a pu rencontrer les témoins. 

On ignore précisément les origines de Benoît mais la tradition rapporte qu'il est né en Ombrie à Nursie où ses parents possédaient une riche propriété. Ils possédaient également une demeure à Rome. Benoît s'établit à Rome où on l'envoie étudier les arts libéraux. A quel niveau a-t-il interrompu ces études ? Le travail qu'il effectuera plus tard pour étudier les Règles monastiques témoigne d'une bonne maîtrise des connaissances intellectuelles. Bon nombre d'étudiants mènent une vie licencieuse... Benoît s'éloigne pour ne pas être pris dans ce tourbillon. Il abandonne le savoir, ses parents et leurs biens et va vivre une vie d'ascète.

Dans le désert il parvient à un lieu appelé Subiaco. Là un moine, Romain, va lui indiquer une grotte où il peut vivre et où il luisubiaco  apportera chaque jour un peu de nourriture. Saint Grégoire nous dit que Benoît a passé trois ans dans cette grotte... mais on ignore tout de son cheminement spirituel, de ses liens éventuels avec une communauté et avec l'Eglise. 

Des bergers le découvrent... Ils lui apportent de la nourriture alors que lui, leur enseigne la Bonne Nouvelle. Il devient alors maître spirituel, sa réputation se propage, les disciples affluent. Après la mort de leur Abbé, les moines du monastère de Vicovaro viennent supplier Benoît de le remplacer. Celui-ci résiste, puis il cède devant leur insistance. Cette communauté mène une vie relâchée que Benoît va immédiatement tenter de redresser... les moines ne l'acceptent pas... et essayent de se débarrasser de lui... par le poison ! Au moment où Benoît bénit la coupe de vin frelaté, elle éclate. Benoît devine alors les mauvaises intentions des moines. Il les quitte pour retourner à Subiaco. 

De nouveau les disciples sont nombreux. Benoît ne veut pas d'un grand monastère... Il forme ces hommes par groupe de 12, nomme parmi eux un abbé et les envoie vivre de façon autonome à quelque distance... Ce seraient douze petites communautés qu'il aurait constituées, gardant auprès de lui quelques compagnons pour un partage et une formation plus approfondie. 
La jalousie d'un prêtre voisin va le chasser : diffamation, tentative d'empoisonnement, siège du monastère par de séduisantes jeunes filles... Benoît va fuir, accompagné de ses plus proches disciples, non sans s'être assuré de la solidité des petites communautés qu'il avait créées. 

Ils marchent jusqu'à la petite ville de Cassino et grimpent pour s'installer au sommet du Mont Cassin... Pourquoi à cet endroit ? La colline aurait été léguée à Benoît par son propriétaire... Ou bien ces moines trouvent là, le lieu de leur apostolat : transformer ce qui est encore dédié à des cultes païens en monastère pour la gloire du Dieu des chrétiens. Ils construisent tout d'abord un oratoire qu'ils dédient à saint Martin, père du monachisme occidental, puis ils partagent leurs journées entre la prière, le travail et la prédication aux païens. 
Le nombre des moines augmente de façon telle qu'il faut songer à essaimer : un homme leur offre un domaine au bord de la mer Tyrrhénienne, Benoît y envoie un groupe auquel il donne un abbé et un prieur, c'est le monastère de saint-Etienne des Monts.

Benoît avait une sœur, Scolastique. Dès sa jeunesse elle s'était donnée à Dieu. En apprenant l'œuvre de son frère, elle le rejoignit pour recevoir de lui l'habit monastique. Pour elle et ses compagnes Benoît fit bâtir un monastère non loin du Mont Cassin. 

Pour la communauté devenue nombreuse Benoît comprend qu'il faut des règles. Celle qu'il va écrire et qui franchira les siècles et les mers va voir le jour... C'est à travers cet écrit que nous découvrirons le mieux la personnalité de Benoît : un homme chaleureux, centré sur Dieu en tout, rayonnant de simplicité et de bonté, « un père très aimant » (Règle de saint Benoît). 

Benoît mourut sans doute à l'âge de 70 ans, vers 542... ou vers 550... ? !


Saint Benoît a été proclamé patron de toute l'Europe, le 24 octobre 1964 par le pape Paul VI, qui lui a aussi attribué les titres de messager de la paix, architecte de l'unité, maître de la culture et de la civilisation, héraut de la foi chrétienne et fondateur du monachisme occidental. 

 Dans le livre des Dialogues de saint Grégoire le Grand :

L'homme de Dieu, parmi tant de merveilles qui le rendirent éclatant au monde, s'est fait connaître aussi, et de façon assez brillante, par sa parole doctrinale. En effet, il a écrit une Règle des moines remarquable par sa discrétion, dans un langage clair. Si l'on veut connaître avec plus de précision sa  façon de vivre, on peut trouver dans les leçons de cette règle tout ce dont il a montré l'exemple car le saint, sans nul doute, n'a pu enseigner d'une façon et vivre d'une autre (ch 36)

Après avoir tenté, en vain, d'animer une certaine communauté de moines : 
Il retourna au lieu de sa bien-aimée solitude, et il habita avec lui-même sous l'œil du Spectateur d'en haut.
Car toutes les fois que par une préoccupation excessive on est jeté hors de soi, nous restons nous-même, sans doute, mais nous ne sommes plus avec nous, car alors on se perd de vue pour divaguer çà et là.
Je dirai donc que cet homme vénérable habita avec lui-même, parce que toujours en garde et vigilant sur lui-même, se voyant toujours sous l'œil du Créateur, s'examinant toujours, il n'avilit point l'œil de son âme en jetant des œillades à l'extérieur. (ch 2) 

Photo wikipedia commons - tableau Meister von Mebkirch - St Benoît dans la grotte de Subiaco