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L'histoire du monachisme cistercien
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DEUXIEME PARTIE     L'O R D R E   C I S T E R C I E N

6. Une fondation savoyarde : Notre-Dame de T A M I E

La bonne réputation de l'ordre cistercien s'était bien vite répandue à partir du moment où celui-ci fondait successivement plusieurs abbayes situées surtout dans l'est de la France. C'était un avantage pour les seigneurs d'avoir un tel établissement sur leurs terres que les moines, hommes de paix, faisaient avantageusement fructifier. Maisons de prière et d'exemple pour le travail, les évêques favorisaient également leur implantation. 

Comme bien d'autres, le comte de Savoie, Amédée III, désirait posséder dans ses états un tel monastère. Il s'adressa à l'archevêque de Tarentaise avec lequel il partageait l'administration de la région.
Cet archevêque était un moine cistercien, le premier abbé qui fut appelé pour être évêque... Il avait fait partie du groupe des moines fondateurs du « nouveau monastère » et Etienne Harding lui avait confié la première fondation effectuée à La Ferté. Alors que le diocèse de Tarentaise était sans pasteur il y fut remarqué lors de passages qu'il y fit se rendant en Italie pour des fondations. Le clergé du lieu obtint qu'il devienne leur évêque. Il s'appelait Pierre... 

Distinguons : Pierre, abbé à La Ferté, devient archevêque de Tarentaise en 1124, nous le nommons Pierre Ir.
Pierre, abbé de Tamié, devient à son tour archevêque de Tarentaise en 1141, nous le nommons Pierre II, c'est lui qui fut canonisé et que nous reconnaissons sous le nom de saint Pierre de Tarentaise.

L'archevêque qui avait fait le choix de continuer, autant qu'il le pouvait, à vivre comme un moine ne pouvait qu'approuver la demande du comte. Toutes les terres étaient propriété de quelque seigneur... il fallait donc trouver un lieu et en obtenir la donation.
L'archevêque Pierre Ir le repéra dans la montagne, un passage resserré entre le massif montagneux de la Belle-Etoile et celui de la Sambuy.
C'était un lieu stratégique : il faisait communiquer la vallée de l'Isère et celle de l'Arly qui menaient, l'une ou l'autre, aux cols, grand ou petit St-Bernard. C'était le tracé de la voie romaine Vienne-Milan. 

Le vallon appartenaient aux comtes de Chevron, vassaux du comte Amédée. Ils acceptèrent la donation. Les moines réputés pour leur accueil sécuriseraient le passage des voyageurs. Ils feraient fructifier des terrains jusque-là incultes.
L'archevêque s'adressa au monastère le plus proche, Bonnevaux. Il était possible à cette communauté d'envisager le départ d'un groupe de moines pour une fondation nouvelle. La donation date du 16 février 1132.

Notice de fondation de l'abbaye de Tamié

« En l'an de l'Incarnation du Seigneur mille cent trente deux, dans l'immense bonté que Dieu procure, Dom Pierre archevêque de Tarentaise, eut les yeux attirés par un endroit, situé dans son archevêché, nommé Tamié et dans son esprit propre à y établir une fondation de l'Ordre de Cîteaux. Il demanda à ses propriétaires de le lui céder, à savoir aux frères Pierre, Guillaume et Aynard de Chevron. Et de fait dans la suite, il plut à ce même vénérable archevêque de convoquer en ce même lieu Dom Jean de pieuse mémoire abbé de Bonnevaux, et ses susdits frères et beaucoup d'autres dans ce lieu que Pierre et sa femme ainsi que son fils Guillaume, ayant reçu mission de représenter leur frère Aynard absent à ce moment-là, à la demande du susmentionné évêque faite devant tous ceux qui étaient présents, donnèrent à Dieu, à Sainte Marie et à l'abbé Jean de Bonnevaux ainsi qu'à ses frères serviteurs de Dieu pour leur salut et celui de leurs parents en présence du susdit archevêque, ce qu'ils possédaient sur le mont Tamié s'y étendant selon la direction que prend l'eau qui descend du sommet des montagnes sur l'un et l'autre versant jusqu'à la rivière qui coule au milieu de la vallée, à l'exception de quelques fiefs, mas et fermes qui sont occupés par eux ; mais si dans la suite les membres de la communauté en arrivaient à pouvoir se porter acquéreurs de ces mêmes fiefs, ils les ont cédés de la même man!ère, mais sous le couvert d'une convention telle qu'ils ne perdent pas les redevances vassaliques liées à ces fiefs, et s'ils les perdaient, qu'ils n'en reportent pas la responsabilité sur la communauté des frères.
De ce don sont témoins Pierre de Tarentaise, archevêque, dom Jean, abbé de Bonnevaux, frère Jean, prieur du même lieu, frère Amédée d'Hauterives, frère Aldemar, frère Pierre, frère Wilfred, qui ont reçu tous ensemble la donation.
Sont aussi témoins Sibold de Cléry, Signar de Chevron, le prêtre Julien, le clerc Ponce et son frère Aynard, Bertrand et son fils Hugues, et Bonnefoi de Tournon, Roland de Saxe, Anselme de Bellecombe, Guillaume Remestangue, Hugo de Seythenay et beaucoup d'autres. 
Et de même que Pierre et Guillaune de Chevron avaient donné tout ce qu'ils possédaient au susdit mont de Tamié, ainsi Aynard, leur frère, avec son fils et son épouse donna tout ce qu'il possédait au même lieu. Sont témoins Garnier et son frère et les frères Amédée et Aldemar qui reçurent cette donation à Pontverre. »


En 1133 un groupe d'une douzaine de moines de Bonnevaux entreprit la construction de l'abbaye. Ils étaient sous la conduite d'un jeune moine de trente ans, il s'appelait Pierre...
Outre les travaux habituels que les moines faisaient pour défricher, bâtir, cultiver... ceux qui s'installèrent à Tamié eurent de gros travaux de terrassement à effectuer : le terrain présentait une très forte pente. De plus l'abondance des ruisseaux et de la neige en hiver nécessitait un aménagement pour l'écoulement des eaux au printemps.
Pierre devenu archevêque vint consacrer l'église le 2 octobre 1150.

L'abbaye naissante accueillait les voyageurs, déjà la charité de son père Abbé Pierre devenait légendaire.

Peu à peu, par d'autres donations, le domaine s'agrandit dans la combe de Savoie, jusque dans Grésivaudan. autour du lac d'Annecy... Des frères convers exploitaient les lieux éloignés du monastère. Le Père Abbé Pierre allait régulièrement les visiter. 

Saint Bernard est-il passé à Tamié ? Rien n'est moins sûr, et pourtant la légende l'affirme... cela aurait pu se faire à l'occasion de l'un de ses voyages en Italie. 

La donation des terrains du « mont Tamié » a été effectuée par les comtes de Chevron. Aujourd'hui nous connaissons cette famille sous le nom de Chevron-Villette : un des fils de Guillaume, prénommé lui-même Guillaume, se mariât avec la fille d'Amédée de Villette, puissante famille de Tarentaise. Sans descendance masculine, il maria ses filles à des comtes de Villette, à partir de là, le nom de Chevron est uni à celui de Villette.