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Présentation grenier - cisterciens
La pensée cistercienne :
- message : l'amour, l'Incarnation, Marie, l'existence chrétienne
- sermons de saint Bernard de Clairvaux à partir du Cantique des Cantiques, extraits
- florilège : très souvent cités : l'amitié, la joie, la prière, le repos, le silence... et bien d'autres
Un aujourd'hui de la vie cistercienne : les événements - Tibhirine - la lectio divina - la liturgie
L'histoire du monachisme cistercien
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12 septembre : nous fêtons saint Pierre de Tarentaise
Rappel de son histoire : Pierre, abbé de Tamié ne voulait pas « quitter le cloître », la vie de prière, de solitude, qu'était la sienne au milieu de sa communauté. L'épiscopat, à cause de toutes ses charges lui paraissait bien opposé à la vie monastique, il se sentait sans doute dépassé par l'ampleur de la tâche et la perspective d'un fardeau bien lourd à porter ! Le chapitre général de l'Ordre cistercien à la requête du clergé de Tarentaise le pressa d'accepter. Il ne put se soustraire à cette décision, le chapitre étant l'autorité suprême de l'Ordre et une partie des abbés qui le formaient étaient des amis, des saints qu'il vénérait tels que Bernard de Clairvaux, Jean de Valence…
Et à défaut de textes laissés par cet évêque, nous pouvons donc évoquer sa passion pour la charité avec des termes de Bernard de Clairvaux dans son commentaire du Cantique des cantiques : Le zèle de la charité, celui de Pierre était légendaire.
Le zèle de la charité
« Loin de la fureur du Seigneur » (Jr 25, 37-38), je chercherai un lieu de refuge, c’est-à-dire ce zèle de tendresse qui brûle avec douceur et qui expie avec efficacité.
« La charité » n’expie-t-elle pas ? Oui, et puissamment. J’ai lu qu’elle couvre une multitude de péchés » (1 Pi 4, 8). Mais je demande : n’est-elle pas capable, à elle seule, de renverser et d’humilier toute arrogance du regard et du cœur ? Oui, au plus haut point : car elle ne s’élève pas, « ne s’enfle pas » (1 Cor 13, 4).
Si le Seigneur Jésus daigne venir à moi, ou plutôt en moi, non dans un zèle de fureur, ni même en colère, mais « dans la charité et dans un esprit de mansuétude, jaloux pour moi de la jalousie de Dieu » (2 Cor 11,2) si, dis-je, il vient dans la charité, par là aussi je saurai qu’il n’est pas seul, mais que son Père vient avec lui. Quoi d’aussi paternel que la charité ? C’est pourquoi le Père n’est pas appelé seulement Père du verbe, mais aussi, « Père des miséricordes » (2 Cor 1, 3), parce que c’est sa nature propre d’avoir toujours pitié et de pardonner.
Si je sens que « mon intelligence s’ouvre pour comprendre les Ecritures » (Lc 24, 45) ou qu’une parole de sagesse jaillit avec abondance de mon cœur, ou que les mystères me sont révélés par une lumière venue d’en haut ; si je sens que, comme une sorte de giron, le ciel s’ouvre tout grand pour moi et que les pluies de la méditation se déversent en torrent en mon âme, je ne doute pas de la présence de l’Epoux. C’est bien du Verbe que viennent ces largesses, « et c’est de sa plénitude que nous les recevons » (Jn 1, 16).
Et si en même temps se répand en moi le ruissellement intérieur d’une ferveur humble mais intense, si bien que l’amour de la vérité reconnue engendre nécessairement en moi la haine et le mépris de la vanité, de peur que « la science ne m’enfle » (1 Cor 8, 1) ou que la fréquence des visites du Seigneur ne m’inspire de l’orgueil, alors je comprends que je suis traité de façon paternelle, et je ne doute pas de la présence du Père. Et si je persévère, dans la mesure de mes forces, à répondre toujours à cette bonté par des sentiments et des actes qui en soient dignes, de sorte que « la grâce de Dieu en moi ne soit pas stérile » (1 Cor 15, 10), alors et « le Père » qui nourrit l’âme et le Verbe qui l’instruit « feront même chez moi leur demeure » (Jn 17,26). (§ 6)
(sermon 69)
On peut revoir l'histoire de saint Pierre de Tarentaise et la liturgie de sa fête