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La pensée cistercienne :
            -
 message : l'amour, l'Incarnation, Marie, l'existence chrétienne
          -sermons de saint Bernard de Clairvaux à partir du Cantique des Cantiques, extraits
          - florilège : très souvent cités : l'amitié,  la joie, la prière, le repos, le silence... et bien d'autres
Un aujourd'hui de la vie cistercienne : les événements   -  Tibhirine - la lectio divina   -  la liturgie
L'histoire du monachisme cistercien
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TITRE

Poème de Frère Christophe

Dans le film
         "Des hommes et des dieux"

PRESENTATION du thème

TEXTES

Bernard de Clairvaux :
- La relation à Dieu
- Prendre soin de soi
- Persévérance

Guillaume de Saint-Thierry :
- Offrande

Frère Didier, Tamié
- Se laisser humaniser en Jésus-Christ
(Phil 2, 1-11)

Dans le film DES HOMMES ET DES DIEUX

Les temps de prière, la réflexion dans les échanges, les lieux : le scriptorium, la chapelle... montrent ce qui fait l'essentiel de la vie des moines. Essentiel vécu dans l'ordinaire des hommes de ce village de Tibhirine : travail, relations, inquiétudes, affrontements... Vécu animé par l'amour, le respect, puisés dans leur union à Dieu et qui permettra de dire à des habitants du village : « les moines, ils nous aimaient ».

PRESENTATION DU THEME

Dans mon cœur sois bien libre et je t'en prie fais comme chez toi » 
Frère Christophe

Ceci a déjà été dit dans la présentation du message ou des divers thèmes : pour les mystiques cisterciens l'essentiel de la vie chrétienne réside en la rencontre de l'homme avec Dieu. 

Mais si du côté de Dieu tout s'accomplit à merveille, il n'en est pas de même pour nous « Je fais le mal que je ne voudrais pas » disait saint Paul... Et les écrits cisterciens ne cachent pas toutes les misères qui à longueur de temps entravent notre générosité, notre désir de rencontrer Dieu, notre soif d'aimer ! 
Une lutte pour essayer de faire triompher en nous le bien, voilà ce que serait donc la vie chrétienne ? Quand on s'y essaie on a bien vite fait de voir que l'échec est là. 
Les Pères cisterciens sont réalistes : ils font l'expérience de leurs incapacités, ils connaissent bien la nature humaine dans tous ses manques, ses pesanteurs... 
Mais cette nature humaine, à partir de leur connaissance de l'Ecriture, à partir de leur vie, de leur foi, ils la voient voulue par Dieu, aimée de lui, transfigurée en lui... 
Ils ont toujours présent à l'esprit cette double réalité : il est impossible à l'homme de réussir par lui-même, à vivre de l'amour ; il est toujours offert à l'homme, d'accueillir en lui, Celui qui n'est qu'Amour. 

La vie chrétienne est alors beaucoup plus un abandon qu'une lutte... elle est la référence incessante à Celui qui veut et peut faire de nous ses fils. 
Les écrits cisterciens nous montreront le chrétien invité à « trouver Dieu en toute chose », à longueur de temps... Pour cela il dispose d'un certain nombre de moyens.
- La fréquentation des Ecritures permet de découvrir qui est Dieu, les chemins qu'il a pris pour nous dévoiler son Amour et qu'il nous invite à suivre à notre tour.
- La prière, la contemplation, le silence sont temps de rencontre, accueil d'une présence agissante. 
- Le don dans tout l'ordinaire du quotidien comme dans le plus inattendu, épanouit le meilleur de nous-même dans lequel Dieu se reconnaît. Là, il est vrai, peuvent, doivent, intervenir l'ascèse, la mortification : non pas pour accumuler des efforts, des mutilations, mais par la nécessité de faire des choix, ce qui implique forcément un renoncement ! 

« La misère appelle la miséricorde » A côté de l'homme indigent, pécheur, se tient toujours Celui qui nous a donné Jésus-Christ pour nous montrer comment vivre en Fils en qui l'Esprit d'Amour est plus fort que tout. Le chrétien serait celui qui, par sa foi qui s'incarne dans ses choix de vie, se laisse libérer pour faire place à l'Amour.

 

 

LA   R E L A T I O N   A   D I E U
Extrait de " Traité sur l'amour " de St Bernard de Clairvaux

Tel rend grâce au Seigneur à cause de sa puissance ; tel lui rend grâce pour sa bonté à son égard ; et, de même, tel lui rend grâce simplement pour sa bonté. 
Le premier est un esclave ; il craint pour soi. Le second est un mercenaire ; il pense à soi. Le troisième est un fils ; il rapporte tout à son père. 
Ainsi par crainte et intérêt les deux premiers agissent pour eux. Seule « la charité » du fils « ne cherche pas son intérêt » (1 Co 13,4-5). C'est donc de cette charité-là, je pense, qu'on a dit : « La loi du Seigneur est sans tache ; elle convertit les âmes » (Ps 18,8), car elle est seule, c'est certain, à pouvoir détourner le cœur humain de l'amour de soi et de l'amour du monde, et seule capable de l'orienter vers Dieu. Oui, ni la crainte ni l'amour de soi ne convertit l'âme. Ils changent parfois le visage ou le comportement, mais jamais la disposition intime. 
Bien sûr, même l'esclave fait parfois l'œuvre de Dieu, mais comme il ne la fait pas de son plein gré, on voit bien qu'il s'obstine dans sa dureté. Le mercenaire aussi la fait, mais comme son acte n'est pas gratuit on reconnaît qu'il est entraîné par sa propre convoitise. Or propriété implique singularité ; singularité implique recoin ; et recoin comporte obligatoirement saleté et rouille. 
Que l'esclave garde donc sa loi : la peur même qui l'enchaîne. Que le mercenaire garde sa loi : la convoitise qui l'embarrasse, quand, entraîné et attiré, il en subit la tentation. Mais aucune de ces lois n'est exempte de tache ni capable de convertir les âmes. C'est la charité qui convertit les âmes et les fait agir de plein gré.

La loi sans tache du Seigneur c'est « la charité qui cherche non pas ce qui lui est utile, mais ce qui l'est au bien commun » (1 Cor 10, 33). On l'appelle loi du Seigneur soit parce que Dieu vit de cette loi, soit parce que personne ne la possède sinon par un don de lui. De fait, dans la suprême et bienheureuse Trinité, qu'est-ce qui maintient la suprême et ineffable unité, sinon la charité ? C'est donc une loi, et la loi du Seigneur, que la charité qui, d'une certaine façon garde dans l'unité la Trinité et la réunit dans le lien de la paix. Jean déclare « Dieu est charité » (1 Jn 4, 8) On appelle donc correctement « charité » à la fois Dieu et le don de Dieu. 

Par ailleurs l'esclave et le mercenaire ont une loi qui ne vient pas du Seigneur mais qu'ils se sont fabriquée, le premier en n'aimant pas Dieu, le second en aimant davantage autre chose que Dieu. Leur loi, je le répète, n'est pas celle du Seigneur mais la leur ; mais elle reste assujettie à celle du Seigneur. Assurément chacun d'eux a pu faire sa propre loi, sans pouvoir toutefois la soustraire à l'ordre immuable de la loi éternelle. Je peux dire que chacun s'est fait sa loi au moment où il a préféré sa propre volonté à la loi éternelle établie pour tous, dans l'intention perverse d'imiter son créateur. De même que Dieu est à lui-même sa loi et ne dépend que de lui-même ainsi cet homme se gouvernerait lui-même et prendrait pour loi sa propre volonté.

Même les fils ne seront pas sans loi. La charité est une loi de bonté et de douceur, non seulement on la porte avec légèreté et douceur mais de plus elle rend supportables et légères la loi des esclaves et celle des mercenaires. Certes, elle ne les abroge pas, mais elle réalise leur accomplissement, selon la parole du Seigneur : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l'accomplir »(Mt 5, 17) La charité modère la loi des esclaves, règle celle des mercenaires, les allège toutes deux. Jamais il n'y aura de charité sans crainte, mais ce sera une crainte chaste* ; jamais elle ne sera sans convoitise, mais ce sera une convoitise bien réglée. Donc la charité accomplit la loi de l'esclave en y ajoutant le don de soi, elle accomplit aussi celle du mercenaire en réglant la convoitise. Mêlé à la crainte, le don de soi ne la supprime pas mais il la rend chaste. Seule est enlevée la peur du châtiment sans laquelle la crainte n'aurait pu exister aussi longtemps qu'elle était servile ; et la crainte qui demeure pour les siècles des siècles est chaste et filiale. Ensuite, la convoitise est bien réglée par l'intervention de la charité au moment où, bien sûr, on rejette totalement le mal et où d'autre part, on préfère le mieux au bien, et où l'on ne recherche le bien que pour le mieux. Quand, par la grâce de Dieu, ce but sera pleinement atteint, on aimera le corps et tous ses biens sans exception, uniquement pour l'âme ; l'âme pour Dieu ; et Dieu pour lui-même.

*Chaste : dépouillé de tout retour sur soi. 

 

P R E N D R E    S O I N    DE   S O I
Extrait du sermon 18 sur le Cantique de St Bernard de Clairvaux

C'est en quelque sorte une leçon de sagesse que saint Bernard donne dans le sermon 18 dans lequel il commente le Cantique des cantiques. 
Il nous dit d'abord que l'Esprit effectue en nous deux opérations : l'infusion et l'effusion. 

Par la première il nous affermit d'abord intérieurement dans les vertus requises pour notre salut. Par la seconde, il nous pare aussi extérieurement de ses dons pour gagner les autres à Dieu. Nous recevons les vertus pour nous, les dons pour notre prochain. Quiconque se sent comblé de grâces extérieures, qu'il peut à son tour reverser sur les autres, est en mesure de dire : « Ton nom est une huile répandue » (Ct 1, 2). (§ 1) 

C'est alors qu'il explique qu'il faut prendre soin de soi.

Mais ici il faut bien se garder, d'une part de donner ce que nous avons reçu pour nous mêmes, et d'autre part de retenir ce que nous avons reçu pour en faire largesse. 
Tu retiens pour toi-même le bien de ton prochain si, par exemple, tu es rempli de vertus et doué aussi extérieurement de science et d'éloquence et que, par crainte peut-être ou par paresse, ou par une humilité indiscrète, tu enfermes dans un silence inutile, voire blâmable la bonne parole dont beaucoup auraient pu profiter. 
En revanche, tu gaspilles et tu perds ton bien si tu te hâtes de le répandre avant d'être toi-même entièrement comblé, toi qui n'es qu'à moitié rempli. (§ 2) 

La sagesse consiste à faire de soi une vasque et non pas un canal. 
Un canal reçoit l'eau et la répand presque tout de suite. Une vasque en revanche attend d'être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort. Pour moi, je pense que le degré suprême de la piété en vue du salut a été posée par le Sage lorsqu'il a dit : « Si tu veux plaire à Dieu aie de la pitié pour ton âme » (Sir 30, 24). (§ 3)
Écoute plutôt les conseils de la charité avisée et vigilante : « Il ne s'agit pas de vous mettre dans la gène en soulageant les autres, mais d'établir l'égalité. » (2 Co 8, 13). Ne sois pas juste à l'excès. Il suffit que « tu aimes ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 39) : c'est cela établir l'égalité. Apprends toi aussi à ne te répandre que lorsque tu es rempli : ne prétends pas être plus généreux que Dieu. 

Que la vasque imite la source : celle-ci ne s'écoule pas en un ruisseau, ni ne s'étale en un lac, avant d'être elle-même saturée. Il n'y a aucune honte pour la vasque à ne pas être plus prodigue que la source. (§ 4) Mais écoutez donc ce qui est nécessaire à notre propre salut, et dans quelle mesure ; ce qui est nécessaire pour être rempli et dans quelle mesure, avant d'avoir la prétention de se répandre. 
Premièrement, nous devons avoir regret du péché ; ensuite la ferveur ; en troisième lieu, le labeur du repentir ; en quatrième lieu, les œuvres de piété ; en cinquième lieu, l'application à la prière ; en sixième lieu, le loisir de la contemplation ; en septième lieu, la plénitude de l'amour. « C'est un même et unique Esprit qui opère tout cela » (1 Co 12, 11). 
Voilà ce dont nous devons être remplis, avant d'oser nous répandre, car c'est de notre plénitude et non de notre pénurie qu'il faut faire largesse. (§ 6)

 

SE  LAISSER    H U M A N I S E R    EN JESUS-CHRIST
Extrait homélie de Frère Didier, Tamié 

A partir du texte de saint Paul : lettre aux Phillipiens (2, 1-11)

S'il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l'on s'encourage avec amour, si l'on est en communion dans l'Esprit, si l'on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l'unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix. C'est pourquoi Dieu l'a exalté : il l'a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

(...)
Si on demandait à Saint Paul : « Pour toi, qui c'est Jésus ? » je crois qu'il proclamerait, ou nous chanterait ...comme nous le faisons souvent, cette Hymne aux Philippiens, ...ce portrait de Jésus si ressemblant... Mais encore une fois, attention ! : si nous contemplons le Christ, 
c'est pour lui ressembler, 
c'est pour devenir Lui aujourd'hui
ou pour que nous consentions à ce qu'il devienne nous aujourd'hui, Lui en nous, nous en Lui... pour le monde d'aujourd'hui... et de demain... 

Contemplons ensemble ce portrait de Jésus, si ressemblant :
« Le Christ Jésus, qui est vraiment Dieu, s'est dépouillé
- un mot essentiel, difficile à traduire... On pourrait dire : « s'est vidé », ou même « s'est anéanti » - 
« prenant la condition de serviteur, reconnu vraiment comme un homme. 
« Il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, la mort de la croix. 
« C'est pourquoi Dieu l'a élevé au dessus de tout... »
 
Prenons le temps d'entendre ces mots... qui sont chargés d'amour pour nous... : 
« Il s'est anéanti, ...il est devenu serviteur, ...jusqu'à la mort de la croix... »

Prenons le temps de reconnaître tant d'amour pour chacun de nous 
pour moi il s'est anéanti, pour moi il est mort... 
S'anéantir, mourir, cela n'a aucune valeur en soi... mais il s'est anéanti par amour, mais il est mort par amour !... Et quel amour ! 
Face à l'excès du mal, l'excès d'amour.... dont Dieu seul est capable... parce qu'il est l'Amour même. 

Oui, dans cet anéantissement, et dans cette mort, 
nous reconnaissons l'Amour qui va jusqu'à l'extrême de l'amour : il n'y a pas de plus grand amour ! 
Nous reconnaissons l'Amour inconditionnel et absolument miséricordieux que rien ne peut empêcher d'aimer. 
Au contraire, l'horreur de notre péché, l'atrocité de la croix, la mort, l'obligent plutôt, s'il est possible, à nous aimer davantage ! 

Et voilà que l'Amour même qui s'anéantit par amour jusqu'à mourir d'amour pour nous transforme la mort en amour, en pardon, en don de la Vie, en Résurrection ! 
En vérité, « si le grain de blé tombe en terre, et s'il meurt, il porte beaucoup de fruits. » Et nous ne pouvons que rendre grâce ! 

Et voilà pourquoi nous voici rassemblés pour faire Eucharistie. 
...l'Eucharistie où le Seigneur nous dit : « Faites ceci en mémoire de moi. » 
Et faire mémoire du Seigneur qui se donne entièrement à nous en livrant sa vie pour nous, et qui continue de se déposséder et d'être notre serviteur en se faisant pour nous pain et vin, 
c'est renouveler notre baptême, 
c'est nous engager à donner nous aussi notre vie pour nos frères, 
c'est nous engager à aimer de ce même amour... qui va jusqu'au bout de l'amour... 

Toujours dans cette lecture choisie dans la Lettre aux Philippiens, Saint Paul nous le disait bien : 
« Comportez-vous comme le Christ... Quand on est en Christ, on s'encourage dans l'amour, on a de la tendresse et de la compassion, on recherche l'unité, on a l'humilité de considérer les autres supérieurs à soi-même, on ne se préoccupe pas de soi mais on se préoccupe des autres... » 
Ainsi, c'est dans la vie de tous les jours, en famille, en communauté, au travail, dans nos paroisses et nos associations, que nous faisons mémoire du Seigneur... 
Dans une méditation récemment publiée, Enzo Bianchi, le fondateur de la communauté monastique de Bose en Italie, rappelait que Jésus était venu humaniser l'homme, qu'il était venu accomplir notre humanité, que notre conversion, que notre résurrection, que notre divinisation, ça passait par notre humanisation. 
Et que cette humanisation se réalisait dans le quotidien, particulièrement au moment des repas, et en sachant se saluer avec attention, et en sachant dire « merci ». 
Préparer le repas avec amour, partager le repas en esprit de communion, c'est un art à pratiquer plusieurs fois par jour ! 
Se saluer avec un mot de plus qu'un banal « bonjour », avec l'attention d'un regard ou un geste approprié, personnalisé... 
Dire « merci » : il paraît que ce mot apparaît très tardivement dans l'évolution du langage. Avoir de la reconnaissance, reconnaître la gratuité d'un don qui nous est fait, c'est devenir homme davantage..., vraiment homme. 

Et voyez : l'Eucharistie est un repas, et quel repas ! Et comptez toutes les salutations : « Le Seigneur soit avec vous ! » ...sans oublier le Baiser de Paix ! 
Et vous le savez : Eucharistie, ça veut dire « merci » ! Le « Gloire à Dieu », les alléluias, la Préface, la Prière Eucharistique, ...c'est toujours « merci ! » 
« Père, merci de m'avoir créé ! 
Merci de m'avoir recréé par ton pardon ! 
Merci parce que Jésus a vaincu la mort, et que nous sommes déjà ressuscités !
Merci pour ta Présence avec nous, en nous, ...pour toujours ! 
Merci pour le don de l'Esprit Saint qui ne cesse de semer l'amour dans nos cœurs... pour que nous puissions répondre à ton amour, pour que nous puissions aimer comme Toi ! 

Frères et sœurs, laissons nous humaniser en cette Eucharistie... Et maintenant, dans un moment de recueillement, accueillons Celui qui nous a tant aimés, et renouvelons notre engagement à aimer ...comme il nous aime.

26ème dimanche ordinaire A 2011

 

P E R S E V E R A N C E 
Extrait du sermon 21 sur le Cantique de St Bernard de Clairvaux

Saint Bernard commente le verset du Cantique des cantiques : « Entraîne-moi sur tes pas, nous courrons à l'odeur de tes parfums » (Ct 1, 3). Contrairement à ce que l'on pourrait croire, même pour celle qui aime intensément, la suite du Christ - de l'Epoux - n'est pas facile... 

Ne le vois-tu pas ? Celui qui marche sous l'impulsion de l'Esprit ne peut nullement demeurer dans le même état, ni avancer toujours avec la même aisance. Je pense que, si vous y êtes attentifs, votre expérience intérieure correspond à ce que je viens d'exprimer. (§ 4)
Lors donc que tu te sens atteint de torpeur, de dégoût, d'ennui, ne perds pas confiance pour autant, et ne renonce pas à l'effort spirituel. Ainsi tant que la grâce est là, réjouis-toi en elle, mais ne va pas croire que tu possèdes le don de Dieu par droit héréditaire, comme si tu étais assuré de ne jamais pouvoir le perdre.
Si tu veux agir avec sagesse, suis plutôt le conseil du sage, « en ayant soin aux jours de malheur de ne pas oublier le bonheur, et au jour du bonheur de ne pas oublier le malheur » (Si 11, 27). (§ 5) 
Quand tu seras plein de courage, ne sois pas sûr de toi-même, mais crie vers Dieu avec le Prophète, et dis-lui : « Lorsque le courage me manquera, ne m'abandonne pas » (Ps 70, 9). 
Au temps de la tentation, console-toi, et dis avec l'épouse : « Entraîne-moi sur tes pas, nous courrons à l'odeur de tes parfums ». 
Ainsi l'espérance ne t'abandonnera pas aux mauvais jours, ni la prudence aux jours favorables.
Même parmi les réussites incertaines et les défaillances certaines de ce monde instable, tu te procureras une sorte d'immutabilité perpétuelle. 
Tu commenceras de te renouveler et de te réformer à l'antique image et à la ressemblance du Dieu éternel. (§ 6)
Faut-il s'étonner que l'épouse ait besoin d'être entraînée ? 
« Ne m'abandonne pas, mais entraîne-moi sur tes pas, "de peur que je ne commence à suivre en vagabonde d'autres amants" (Os 2, 13) et à courir à l'aventure. 
Il vaut mieux pour moi que tu m'entraînes, c'est-à-dire que tu me fasses violence, soit par la terreur des menaces, soit par les coups de fouet, plutôt que de me ménager et de me laisser mal assurée dans ma tiédeur. 
Entraîne-moi contre mon gré, pour que je te suive de plein gré ».
Nous sommes entraînés lorsque nous sommes éprouvés par les tentations et les tribulations ; nous courons lorsque, visités par les consolations et les inspirations intérieures, nous respirons des parfums exquis. 
Nous ne mettons pas notre confiance dans la grandeur de nos forces, mais dans l'abondance de tes miséricordes. » (§ 11)

 

O F F R A N D E
Extrait oraisons méditatives Guillaume de Saint-Thierry

O Seigneur qui as créé toutes choses, tu as aussi vu que toutes les choses créées par toi sont bonnes immensément.
A la vérité, ce n'est pas pour le paradis que tu m'as créé, mais pour moi que tu as préparé le paradis, quand tu m'as fait homme sur la terre. 
J'ai couru sur la voie de tes commandements, tandis que tu dilatais mon cœur. Je suis venu à toi, t'offrant mon cœur tout prêt, Dieu, mon cœur tout prêt qui disait : « Que veux-tu que je fasse ? » Et tu m'as dit : « Va, vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres, et viens, suis-moi « (Mt19,21). Je suis parti, j'ai couru, j'ai vendu tout ce que j'avais, mon corps même, mon âme même ; aux pauvres, je n'ai rien donné, parce que je n'avais rien. 
Et c'est à toi, Seigneur, que j'ai vendu tout ce que j'avais, et tu es toi-même mon prix. Tu sais que je n'ai rien retenu pour moi ; ou alors, si quelque chose m'a échappé et se cache encore en quelque repli de ma conscience, j'irai le chercher et fidèlement je te l'offrirai. (4, 11)

 

                        Pauvres de Toi

              où    aller     plus     vrai
                     nul    autre  que toi
                     tout   autre  en  toi

  tu es le  plus beau  risque                des relligions
  toi         le plus grand
  de   la    foi
                                                      louange à toi

  émus
  épris
  débordés    de  toi                            bouleversés
  d'espérance      et          chargés
  de toi
                     qu'allons-nous vivre
                       ensemble ?

  prendre    le    chemin
  dans        l'entre-nous
                                      ouvert

  aller    pieds     nus       au   plus   près de la terre
  pauvres de toi
                                   jusqu'où
  le don brûlant
  nous aventure
           et si tu veux
             nos yeux verront

                            le feu

x x

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