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Présentation grenier - cisterciens
La pensée cistercienne :
- message : l'amour, l'Incarnation, Marie, l'existence chrétienne
-sermons de saint Bernard de Clairvaux à partir du Cantique des Cantiques, extraits
- florilège : très souvent cités : l'amitié, la joie, la prière, le repos, le silence... et bien d'autres
Un aujourd'hui de la vie cistercienne : les événements - Tibhirine - la lectio divina - la liturgie
L'histoire du monachisme cistercien
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TITRE
Poème de Frère Christophe
Dans le film
"Des hommes et des dieux"
PRESENTATION du thème
TEXTES
Bernard de Clairvaux
- L'aqueduc : le rôle de Marie
- Etoile de la mer
- La liberté d'un « oui
Guerric d 'Igny
- Au pied de la Croix
- En son Assomption
- En attendant le ciel
Amédée de Lausanne :
- Il est ressuscité
Aelred de Rielvaux :
- Annonciation
" Tu dis à Elle : « Femme voici ton fils »
Je crois en cet acte de naissance.
...et à moi : « Voici ta mère ». La prendre chez moi c'est m'ouvrir à son travail d'enfantement : patience "
" Près de Toi, Toi tout près de Lui qui te nomme " Femme "...
près de sa Croix je suis dans l'à-venir de
ce je t'aime.
Dans le film DES HOMMES ET DES DIEUX
A plusieurs reprises on voit dans le jardin une statue de la Vierge. Celle-ci a été créée pour le film, inspirée de celle qui se trouve à Tibhirine, au-dessus du monastère...
L'avez-vous remarquée, au fond de l'écran, au-delà de la porte ouverte, entre Frère Christian et le chef islamiste pendant leur dialogue, la nuit de Noël ?
« Simplement là, près de Marie, disciples de l'Agneau » a écrit frère Christophe sur son image du dernier carême.
P R E S E N T A T I O N DU THEME
Dévotion mariale ???
La dévotion à Marie de la famille cistercienne et de saint Bernard en particulier, a été déformée, exagérée par une opinion mal informée. Si la place de Marie est importante pour eux c'est qu'ils sont d'Eglise et dans l'Eglise « le douzième siècle est un grand siècle marial » nous dit le Dictionnaire de la spiritualité.
Saint Robert dédie le « nouveau monastère » à Marie et toutes les fondations le seront également. En cela l'ordre cistercien s'inscrit dans le grand mouvement populaire qui fera des plus belles cathédrales des « Notre-Dame »...
C'est au « Livre sur les noms hébreux » de Saint Jérôme (4ème siècle) qu'ils trouvent le sens attribué au nom de Marie « étoile de la mer ».
Des prières à Marie avaient été composées, c'est sans doute dans ce trésor que les premiers cisterciens ont repéré le Salve Regina.
On a cru que Saint Bernard était à l'origine de nombreuses dévotions envers Marie mais il n'en est rien. Son rayonnement a été tel qu'on lui a attribué ce qui venait d'ailleurs, ainsi ce propos : « On n'en dira jamais assez sur Marie ». C'est surtout par l'ordre de Saint Dominique que se répandront les dévotions à Marie : rosaire, méditations et psautier de la Vierge...
Les divers écrits de plusieurs Pères cisterciens présentent les mêmes données de foi : cela montre qu'ils appartiennent bien à leur siècle, qu'ils ne veulent pas faire preuve d'originalité mais qu'ils expriment à leur manière ce dont vit l'Eglise à cette époque. Leur particularité vient de la passion, de l'enthousiasme avec lesquels ils s'expriment. Ils mettent au service de leurs convictions leur art d'écrire ou de parler, pour exprimer, selon Saint Bernard dans la préface de ses homélies mariales « ce qui lui délectait de dire ».
Les Pères cisterciens nous invitent à relire l'histoire du salut. Nous y trouverons Marie en bonne place. Ils nous invitent à avoir recours à sa médiation, mais ils nous invitent surtout à vivre de ce qui l'a rendue agréable à Dieu : être sans cesse ajustée à Lui par son humilité, sa bonté, sa foi, l'usage de sa liberté, son amour, sa joie... « En la suivant impossible de t'égarer » nous dit saint Bernard.
L'A Q U E D U C
Extrait du Sermon pour la nativité de la Vierge Marie, St Bernard de Clairvaux
La vie éternelle est une source intarissable, qui arrose toute l'étendue du paradis. Et non seulement elle l'arrose, mais elle l'inonde.
Qui est la source de vie sinon le Christ Seigneur ?
La source cependant a été canalisée jusqu'à nous. Oui, par un aqueduc ce jaillissement descend du ciel jusqu'à nous, non pas, il est vrai avec l'abondance d'une source, mais en répandant goutte à goutte la grâce en nos cœurs desséchés, aux uns davantage, aux autres moins.
L'aqueduc coule bien à pleins bords, de sorte que tous reçoivent de sa plénitude, mais sans recevoir sa plénitude même. Vous avez compris, si je ne m'abuse, de quel aqueduc je voulais parler ; il capte la plénitude de la source qui jaillit du coeur du Père, et il nous la livre, sinon dans sa totalité, du moins dans la mesure de notre capacité à la recevoir.
Vous savez bien en effet à qui s'adressait cette parole : « Salut comblée de grâce » (Lc 1,28)
Mais admirons-nous assez qu'un aqueduc de cette qualité et de cette grandeur ait été possible ? Car, à son sommet, tout comme l'échelle perçue par le patriarche Jacob, il touche les cieux, bien plus : il les dépasse et se révèle capable d'atteindre jusqu'à cette source très impétueuse des eaux qui sont au-dessus des cieux.
Mais comment cet aqueduc, notre aqueduc, peut-il atteindre jusqu'à cette source si élevée ? Sinon par la véhémence de son désir, par la ferveur de son empressement intérieur, par la pureté de sa prière, conformément à cette parole de l'Ecriture : « La prière du juste pénètre les cieux » (Si 35, 21).
Or qui est juste sinon Marie, la juste, dont s'est levé le Soleil de justice ? et comment donc a-t-elle atteint jusqu'à cette majesté inaccessible, sinon en frappant, en demandant, en cherchant ? Elle a alors trouvé ce qu'elle cherchait. Oui, elle est digne de trouver ce qu'elle cherche puisque sa propre plénitude ne lui suffit pas et qu'elle ne peut se contenter de son propre bonheur ; mais elle demande un jaillissement de grâce encore plus large en vue du salut de l'univers. (§ 3-5)
E T O I L E DE LA M E R
A la louange de la Vierge Marie, extrait homélie 2, St Bernard de Clairvaux
« Et le nom de la Vierge était Marie » (Lc 1,27)
Disons aussi quelques mots sur ce nom qu'on dit signifier étoile de la mer, et qui convient si bien à la Vierge Mère.
Elle est en effet comparée avec beaucoup d'à-propos à une étoile.
Tout comme l'astre émet son rayon sans diminution, ainsi la Vierge met son Fils au monde sans altération. Ni le rayon n'amoindrit l'éclat de l'astre, ni le Fils l'intégrité de la Vierge.
Oui, c'est elle, cette « noble étoile issue de Jacob » dont le rayon éclaire le monde entier, dont la splendeur éclate jusque dans les cieux, pénètre les enfers, se répand jusque sur la terre, réchauffe les âmes plutôt que les corps, fait éclore les vertus, brûle les vices.
Oui, c'est elle, cette étoile brillante et magnifique que rien n'empêche de s'élever au-dessus de « cette mer vaste et immense », étincelante de mérites, éclairante en ses exemples.
O qui que tu sois qui te vois, dans les fluctuations de ce monde, ballotté au milieu des bourrasques et des tempêtes plutôt que marcher sur la terre ferme, ne détourne pas les yeux de l'éclat de cet astre si tu ne veux pas être submergé par les flots.
Si se lèvent les vents des tentations, si tu cours aux écueils des épreuves, regarde l'étoile, appelle Marie.
Si tu es secoué par les vagues de l'orgueil, ou de l'ambition, ou de la détraction, ou de la jalousie, regarde l'étoile, appelle Marie.
Si la colère, ou l'avarice, ou les attraits de la chair ébranlent la nacelle de ton âme, regarde vers Marie.
Si, troublé par l'énormité de tes fautes, accablé par la souillure de ta conscience, épouvanté par l'horreur du jugement, tu commences à sombrer dans le gouffre de la tristesse, dans l'abîme du désespoir, pense à Marie.
Dans les dangers, les angoisses, les doutes, pense à Marie, invoque Marie. Qu'elle ne quitte pas ta bouche, qu'elle ne quitte pas ton cœur.
Et pour obtenir le secours de ses prières, ne t'écarte pas de l'exemple de sa vie.
En la suivant, impossible de t'égarer ; en la priant, de te décourager ; en pensant à elle, d'errer. Ta main dans la sienne, pas de chute ; sous sa protection, pas de crainte ; sous sa conduite, pas de fatigue ; avec son appui, tu touches au but. (§ 17)
A N N O N C I A T I O N
Extrait sermon pour l'année n° 9, Aelred de Rielvaux
Au moment où l'ange vint, elle avait peut-être le Livre d'Isaïe en mains, elle scrutait peut-être cette prophétie :
« Voici que la Vierge concevra et elle enfantera un fils que l'on appellera Emmanuel. » (Is 7,14)
Je pense qu'à cette heure-là, le texte d'Ecriture provoqua en son cœur un beau combat :
Quand elle lisait ce qui devait arriver, qu'une vierge enfanterait le Fils de Dieu, elle souhaitait secrètement mais non sans quelque crainte que ce puisse être elle ; mais aussitôt, elle s'estimait tout à fait indigne de recevoir un don aussi grand.
La charité entrait en combat avec la crainte, la ferveur avec l'humilité.
L'excès de crainte la faisait presque désespérer mais, en même temps, l'immense désir mis en elle par ce texte ne pouvait que l'encourager à espérer.
La ferveur la faisait présumer d'elle-même mais, en même temps, sa grande humilité la faisait hésiter.
Tandis qu'elle se trouvait dans le flux et le reflux de ses hésitations et de ses désirs, « l'ange entra et lui dit : Salut, comblée de grâces ». (Lc 1, 28) ( § 19-20)
LA L I B E R T E D'UN O U I
A la louange de la Vierge Marie, extrait homélie 4, St Bernard de Clairvaux
0 Vierge, tu as entendu ce qu'il fait, tu as aussi entendu le moyen choisi, tous deux merveilleux, tous deux pleins de joie,
« Réjouis-toi donc, fille de Sion, bondis de joie, fille de Jérusalem. » (Zach 9,9)
Je dis : tu as entendu ce qu'il fait et tu as cru ; crois aussi au moyen choisi que tu as entendu. Tu as entendu que « tu allais concevoir et enfanter un fils » ; « tu as entendu que ce ne serait pas d'un homme, mais de l'Esprit-Saint ».
L'Ange attend ta réponse : « Il est temps qu'il retourne à celui qui l'a envoyé. »
Nous aussi, ô notre Dame, nous attendons un mot de commisération, par ta brève parole nous devons être recréés pour être rappelés à la vie.
O Vierge pleine de tendresse, c'est cette réponse que te supplie de donner le pauvre Adam avec sa malheureuse descendance exilée du Paradis.
C'est elle qu'implorent de toi Abraham, et David, et tous les autres saints Patriarches qui sont tes pères, et « qui habitent eux aussi au pays de l'ombre de la mort » (Is 9,2)
C'est elle qu'attend le monde entier prosterné à tes genoux.
O Vierge, donne vite une réponse. O notre Dame, dis la parole que la terre, que les enfers, que les cieux même attendent. Autant le Roi et Seigneur de tous « a lui-même désiré ta beauté », autant désire-t-il aussi le consentement de ta réponse au moyen de laquelle il a décidé de sauver le monde. Si ton silence lui a plu, maintenant c'est ta parole qui lui plaira bien davantage puisque lui-même te crie du ciel : « O toi, belle entre les femmes », « fais-moi entendre ta voix ». Si donc, toi, tu lui fais entendre ta voix, lui te fera notre salut.
Et n'est-ce pas cela que tu cherchais, que tu implorais, que tu désirais par tes prières de jour et de nuit. Comment donc ? Es-tu celle à qui cette promesse est faite ou devons-nous en attendre une autre ? Non, c'est bien toi, et personne d'autre. Oui, c'est toi qui as été promise, attendue, désirée. En un mot, c'est en toi et par toi que « Dieu lui-même, notre Roi avant les siècles, a décidé d'opérer le salut sur la terre » (Ps 73,12)
Aussi réponds vite à l'Ange, ou plutôt par l'Ange au Seigneur. Réponds une parole et « reçois la Parole » ; dis la tienne et conçois celle de Dieu ; prononce une parole éphémère et embrasse la Parole éternelle. Pourquoi tarder ? Pourquoi craindre ? Crois, rends grâce, et accueille. Que l'humilité s'enhardisse, que la modestie se rassure.
O Vierge bienheureuse, ouvre ton cœur à la foi, tes lèvres à la reconnaissance, ton sein au Créateur.
Voici que « le Désiré de toutes les nations est dehors et frappe à la porte ».
Oh ! si, tandis que tu tardes, il allait s'en aller, et que tu te mettes à chercher dans les larmes celui que ton cœur aime ! Lève-toi, cours, ouvre-lui ! Lève-toi par ta foi, cours par ta ferveur, ouvre-lui par ton engagement. (§ 8)
P R E S DE LA C R O I X DE J E S U S
Sermons pour l'Assomption de Guerric d'Igny
De plus quand Jésus parcourait villes et bourgades pour les évangéliser, Marie l'accompagnait, inséparablement attachée à ses pas, suspendue à ses lèvres, tandis qu'il enseignait ; à tel point que ni la tempête de la persécution, ni l'horreur du supplice ne purent l'empêcher de suivre son Fils et son Maître. « Près de la croix de Jésus, Marie sa Mère était debout » (Jn 19,25).
Vraiment mère, puisque même devant l'effroi de la mort elle n'abandonnait pas son Fils.
Comment en effet, aurait-elle pu être effrayée par la mort, elle dont la charité était forte comme la mort, et même plus forte que la mort ?
Oui, elle se tenait debout prés de la croix de Jésus, et la douleur de cette croix crucifiait son esprit avec son Fils, et des glaives aussi nombreux que les plaies dont elle voyait blessé son corps transperçaient son âme.
C'est donc à juste titre qu'elle est ici proclamée Mère et qu'un protecteur bien choisi est désigné pour prendre soin d'elle, puisque c'est alors surtout que se manifestèrent et l'amour sans mélange de la Mère à l'égard du Fils, et la vérité de la nature humaine que le Fils avait reçue de sa Mère.(4ème §1)
IL EST R E S S U S C I T E
Extrait homélie 6, Amédée de Lausanne
Réjouis-toi donc et sois heureuse, car il est ressuscité celui qui te reçoit, qui est ta gloire, qui exalte ta tête.
Tu t'es réjouie dans sa conception, affligée dans sa passion. De nouveau, réjouis-toi dans sa résurrection, et personne ne t'enlèvera ta joie, car le Christ ressuscité des morts ne meurt plus, la mort n'a plus sur lui d'empire.
Aussi l'Esprit t'appelle-t-il et Dieu te dit « Lève-toi, avance, mon amie, ma colombe, ma belle, et viens. Car déjà l'hiver est passé ; la pluie s'en va, elle a cessé ; les fleurs sont apparues sur notre terre, le temps de la taille est arrivé ».
EN A T T E N D A N T LE C I E L
Quatrième sermon pour l'Assomption de Guerric d'Igny
Cependant, c'est après que ce Fils fut remonté là où il était auparavant, que sa Mère, libérée de tout souci temporel et plus pleinement éclairée par le Saint-Esprit qu'elle avait reçu en même temps que les apôtres, après en avoir reçu les prémices d'une façon unique au moment de la conception virginale, eut la joie de prendre du loisir et de voir que Jésus est Dieu.
Vision qui procure, certes, un bonheur ineffable et de souveraines délices à tous ceux qui aiment Jésus, mais, plus qu'à tous les autres, à celle qui a mis Jésus au monde. De même qu'à elle seule fut réservée la grâce d'être Mère de Dieu, de même, à un titre unique, elle est en droit de se glorifier en Celui dont elle est devenue la Mère. C'est la gloire absolument unique et incomparable de la Vierge Mère que de voir Dieu, roi de toute la création, portant comme un diadème la chair dont elle l'a couronné, en sorte qu'elle confesse et adore Dieu en sa propre chair, et qu'elle voit en Dieu sa propre chair glorifiée.
De ces contemplations, me semble-t-il, Marie se nourrissait en attendant le ciel ; elle avait choisi cette part qui est la meilleure et qui, en ce jour, ne lui a pas été enlevée, mais lui a été donnée en sa perfection. En effet, n'ayant été ni négligente ni paresseuse dans le travail de Marthe, elle n'a pas été privée du fruit qui est la part de Marie. Le travail est dans la vie active ; le fruit ou la récompense est dans la contemplation. « Parce que son âme a travaillé, dit Isaïe, il verra et sera rassasié. » (§ 3)
Extrait homélie de Amédée de Lausanne
Il faut aussi, assurément tirer une leçon de ce retard : toute âme fidèle, blessée par la charité et transpercée par les traits de l'amour, doit apprendre à ne pas murmurer s'il arrive qu'elle n'émigre pas d'ici-bas selon ses vœux. Voici qu'il y a délai même pour la mère du Seigneur. Qui oserait murmurer ? Délai pour lui permettre de progresser, de progresser en persévérant. Car la persévérance jointe à l'amour ou à l'œuvre crée la plénitude, engendre la perfection.
C'est pourquoi il est dit du juste, par la voix du psalmiste : « Le juste fleurira comme le palmier, il se multipliera comme le cèdre du Liban ». On dit que le palmier met longtemps à fleurir, et que le cèdre du Liban ne se multiplie qu'après avoir grandi pendant de longues années. Ainsi est-ce après bien longtemps que le juste fleurira comme le palmier, lorsque son âme blanchira de vieillesse. Aussi le psalmiste a-t-il raison d'ajouter ces quelques mots : « Ils se multiplieront encore - aucun doute qu'il s'agisse des justes - dans une vieillesse féconde ». Il faut donc conclure que Marie, d'un mérite excellent et d'une justice sans égale, ayant mérité d'être exaltée au-dessus des anges, dut se multiplier ici-bas dans une vieillesse féconde.
LA V I E R G E M A R I E en son A S S O M P T I O N
Sermons pour l'Assomption de Guerric d'Igny
Invitation
Avance, ô Marie, avance sans crainte parmi les richesses de ton fils.
Agis en toute assurance, étant la Reine, la Mère du Roi et son épouse.
Tu cherchais le repos, mais ce qui t'est dû est plus glorieux encore : c'est le règne et la puissance.
Il désire n'avoir avec toi qu'une seule et même souveraineté, lui qui a vécu avec toi un seul et unique mystère de tendre bonté et d'unité, ne faisant avec toi qu'une même chair et un même esprit : en effet sans que soient lésées les prérogatives de la nature, par un bienfait redoublé de la grâce, sa Mère lui a été unie comme épouse.
Repose donc ô bienheureuse, dans les bras de l'Epoux.
Il te redira, je pense, au milieu des embrassements et des baisers, combien suavement il a reposé dans le temple de ton corps, et combien plus suavement encore dans la chambre secrète de ton coeur. (3ème § 3)
Son enfant l'attendait dans la gloire
A sa Mère, dont le mérite est de beaucoup plus élevé, il promet également une tout autre récompense : « Viens, dit-il, mon élue, et je placerai en toi mon trône. » Ce serait trop peu pour toi, dit-il, de siéger seulement avec le Juge ; tu seras toi-même mon trône : ainsi tu contiendras en toi la majesté du Roi, avec d'autant plus de bonheur que ce sera plus intimement, et tu saisiras Celui qui ne peut être saisi avec plus de perfection que tous les autres.
Tu as contenu un petit enfant dans ton sein, tu contiendras l'Immense dans ton âme.
Tu as été l'hôtellerie du pèlerin, tu seras le palais du roi ;
tu as été la tente de Celui qui venait combattre en ce monde, tu seras le siège du triomphateur dans le ciel ;
tu as été le lit nuptial de l'Époux fait chair, tu seras le trône du Roi couronné.
O Fils de Dieu, rien, rien assurément, ne t'a déplu dans cette demeure qui fut tienne, et que tu daignas regarder si volontiers et rémunérer si libéralement. Oui, tu n'y as rien trouvé de souillé, car il ne s'y trouvait aucune convoitise mauvaise, mais une charité très pure ; rien qui menaçât ruine, car il ne s'y rencontrait aucun orgueil, mais l'humilité la plus solidement assise ; rien d'obscur,
car tout manque de foi en était banni ; rien d'étroit, car la charité y était largement répandue. (...)
Cette beauté t'a engagé à y entrer ; elle t'a séduit pour t'y faire revenir. En y entrant, tu as multiplié la grâce de la bénédiction, mais en y revenant, tu l'as portée à son comble. Quand tu y es entré, tu es né en elle en tant qu'homme ; quand tu y es revenu, tu as été glorifié en elle comme Dieu. Jadis, tu y as placé le sanctuaire de ta grâce ; maintenant, tu y as mis le trône de ta gloire. (...) Cependant, sans faire injure aux autres trônes ni provoquer leur envie, on est fondé à croire que le Roi possède un trône particulier, grand et élevé au-dessus de la gloire de tous les autres : je veux parler de Marie, qui est élevée au-dessus des chœurs des anges de telle sorte que cette mère ne contemple au-dessus d'elle rien d'autre que son Fils, que cette Reine n'admire au-dessus d'elle rien d'autre que le Roi, que notre Médiatrice ne vénère rien d'autre au-dessus d'elle que le Médiateur.
Qu'elle daigne, par ses prières, nous le rendre favorable, nous recommander et nous rappeler à lui, son Fils unique Jésus-Christ, à qui appartient honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen. (2ème § 6)
Je placerai en toi mon trône
Pour faire ce que j'ai enseigné et servir d'exemple aux autres, afin d'honorer mon Père, je suis descendu sur la terre.
De même, afin d'honorer ma Mère, je suis remonté au ciel ; je suis remonté et je lui ai préparé une place, un trône de gloire, afin que la Reine soit assise avec le Roi, à sa droite, couronnée, vêtue d'or et de tissus aux couleurs variées.
Je ne veux pas dire par là qu'un trône à part sera disposé pour elle, car elle-même sera bien plutôt mon trône.
Viens donc, mon élue, et je placerai en toi mon trône. En toi j'établirai comme le siège de ma royauté, de ce siège je rendrai mes jugements, par toi j'exaucerai les prières.
Personne ne m'a davantage servi au temps de mon abaissement ; personne ne sera plus abondamment servi par moi dans ma gloire.
Tu m'as communiqué, entre autres choses, ce qui me donne d'être homme ; je te communiquerai ce qui me donne d'être Dieu. Tu demandais le baiser de ma bouche : ce n'est pas assez : tout entier je te baiserai toute entière. Je n'appliquerai pas mes lèvres sur tes lèvres, mais mon esprit sur ton esprit, dans un baiser éternel et indissoluble.
Car j'ai désiré ta beauté avec plus d'ardeur que toi la mienne, et je n'estimerai pas avoir été assez glorifié tant que tu n'auras pas été glorifiée avec moi. (2ème § 6)
Ici s'ouvre le message : MARIE