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Dans ses sermons sur le Cantique des cantiques

                               BERNARD de CLAIRVAUX CHANTE L'AMOUR

Sermons 19-20       Aimer Dieu

Sermon 19

oasisL'épouse poursuit son amoureux discours. Elle continue à célébrer toujours davantage les louanges de l'époux. Ainsi elle attire « la grâce » en montrant que celle déjà reçue « n'a pas été stérile » Ecoute la suite de ses paroles : « C'est pourquoi les jeunes filles t'ont aimé avec excès » (Ct 1, 2). Tandis que l'épouse accueillait le don de cette infusion, les jeunes filles en ont senti les effluves, car elles ne pouvaient pas être loin de leur mère. Alors comblées de cette douceur elles s'écrient : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné. » (Ro 5, 5) (§ 1)

Bernard expose alors ce que les neuf chœurs des anges peuvent admirer et aimer en Dieu. Il résume ainsi :

Ainsi, Dieu est aimé
par les Anges pour l'équité suprême de ses jugements ;
par les Archanges, pour la souveraine providence de ses desseins ;
par les Vertus, pour les miracles qu'il daigne accomplir en sa bonté afin d'attirer les incroyants à la foi ;
par les Puissances, pour la force de cette puissance si juste qui a coutume de repousser et d'éloigner des fidèles la cruauté des méchants ;
par les Principautés, pour cette vertu éternelle et originelle, par laquelle il donne l'être et le principe de l'être à toute créature supérieure et inférieure, spirituelle et corporelle ;
par les Dominations, pour sa volonté très paisible qui, malgré la force de son bras dominateur, « dispose néanmoins toute chose avec douceur » (Sg 8, 1) par une vertu plus puissante encore, selon sa bonté innée et son imperturbable sérénité.
Il est aimé aussi par les Trônes pour le bienveillant enseignement de sa sagesse qui se communique sans jalousie, et pour l'onction qui instruit de tout gratuitement.
Il est aimé encore par les Chérubins, parce qu'il est le Dieu et le Seigneur des sciences et qu'il distribue ses dons avec discernement et prévoyance à ceux qui les lui demandent comme il convient, dans la mesure où il le considère utile. Car il sait ce qu'il faut à chacun pour son salut.
Enfin, il est aimé par les Séraphins parce qu'il est charité et qu'il ne hait rien de ce qu'il a fait et parce qu' « il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Jn 2, 27). (§ 6)

Tous ces esprits aiment dans la mesure de ce qu'ils comprennent. Mais les jeunes filles comprennent moins parce qu'elle ont moins de sagesse, et elles ne sont nullement capables d'expériences si sublimes. Car elles sont toutes petites dans le Christ.
Ce discours spirituel vous concerne de façon indirecte vous qui êtes ici depuis peu de temps.
Pour éteindre l'amour dans les cœurs, l'ennemi rusé ne dispose d'aucun autre artifice aussi efficace que celui-ci : faire en sorte que nous aimions sans prudence et sans nous conformer à la raison. C'est pourquoi je pense vous donner quelques règles, qu'il vaut la peine de suivre quand on aime Dieu.

C'est le sujet du sermon suivant.

Sermon 20

Commençons ce sermon par les paroles de Paul, notre maître : « Qui n'aime pas le Seigneur Jésus, qu'il soit anathème » (1 Co 16, 22). Oui, je dois aimer intensément celui par qui je suis, je vis et j'ai l'intelligence. Mon ingratitude me rendrait indigne.

Tourne vers toi, mon Dieu, le peu de chose que tu as bien voulu que je sois. De cette misérable existence reçois, je t'en prie, « les années qui me restent à vivre » (Is 38,10). Quant à celles que j'ai vécues et perdues, « ne méprise pas, mon Dieu, un cœur broyé et humilié » (Ps 50, 19). Désormais, s'il y avait en moi un peu de sagesse, je la garderais pour toi - car « devant toi est tout mon désir » (Ps 37,10) et toute la résolution de mon cœur. Mais, « mon Dieu tu connais mon manque de sagesse » (Ps 68, 6), à moins qu'il n'y en ait peut-être en cet aveu même ; et cela aussi est un don venant de toi. Fais-le grandir en moi. Non pas que je sois ingrat pour ce petit don que j'ai reçu, mais j'implore ce qui me manque. Pour tout cela je t'aime, autant que je le puis. (§ 1)

Mais il est une chose qui m'émeut plus encore, me harcèle et m'enflamme. Par-dessus tout je l'affirme, Jésus miséricordieux, ce qui éveille mon amour pour toi, c'est le calice que tu as bu, l'oeuvre de notre rédemption.
Voilà ce qui requiert facilement de nous un amour total. Voilà, dis-je, ce qui attire notre ferveur avec plus de tendresse, l'exige avec plus de justice, la captive avec plus de force, attise son désir avec plus de véhémence. Car en cette œuvre le Seigneur eut beaucoup à souffrir.
Pour l'œuvre de la rédemption, il a dû supporter d'être contredit dans ses paroles, surveillé dans ses actions, raillé dans ses tourments, insulté dans sa mort. Voilà comment il nous a aimés.
De plus cet amour n'était pas une réponse, il était donné par surcroît. En effet, « qui lui a donné le premier, pour devoir être payé en retour ? » (Ro 11,35) Mais comme le dit saint Jean l'évangéliste « ce n'est pas nous qui l'avons aimé, c'est lui qui nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 10). Enfin, il nous a aimés alors que nous n'existions pas encore ; il a même continué de nous aimer alors que nous lui résistions. (§ 2)
Il nous a aimés avec tendresse, avec sagesse, avec force. J'ai dit avec tendresse, parce qu'il a revêtu notre chair ; avec sagesse, parce qu'il nous a gardé de la faute ; avec force parce qu'il a enduré la mort.
Quelle plénitude de douceur et de tendresse que de voir homme le Créateur de l'homme ! En séparant avec sagesse notre nature de la faute, il a aussi, avec puissance chassé la mort de notre nature. En assumant la chair il s'est mis à mon niveau, en évitant la faute il s'est gardé intact, en acceptent la mort il a donné satisfaction au Père : tendre ami, sage conseiller, puissant soutien.
Je me confie en toute sécurité à celui qui veut, qui sait et qui peut me sauver. (§ 3)

Chrétien, apprends du Christ comment aimer le Christ. floraison
Apprends à l'aimer avec tendresse, avec sagesse, avec force.
Ainsi tu ne te laisseras détourner de l'amour du Seigneur ni par la séduction, ni par la ruse, ni par la violence. Pour ne pas être entraîné par la gloire du monde ou par les plaisirs de la chair, savoure avec une douceur encore plus intense « la sagesse qu'est le Christ » (1 Cor 1, 24). Pour ne pas être séduit par l'esprit de mensonge et d'erreur, laisse-toi illuminer par « la vérité » qu'est le Christ (Jn 14,16). Pour ne pas être accablé par les adversités puise ta force dans « la nuisance de Dieu qu'est le Christ » (1 Cor 1, 24). Ton zèle, que la charité l'enflamme, que la science l'instruise, que la constance l'affermisse. Qu'il soit fervent, réfléchi, indompté. Qu'il ne soit pas tiède, qu'il ne manque pas de discernement, qu'il ne soit pas timide. Lorsque Dieu dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, il me semble que l'amour du cœur désigne une certaine ardeur d'affection ; l'amour de l'âme vise l'activité ou le jugement de la raison ; enfin, aimer de toutes nos forces peut se rapporter à la constance ou à la vigueur de l'esprit. Aime donc le Seigneur ton Dieu avec une pleine et totale affection du cœur. (§ 4)

Bernard va d'abord parler d'un amour qu'il qualifie de charnel, parce que orienté vers la chair de Jésus-Christ. Ce mot chair ne désigne pas seulement le corps mais toute la condition humaine.

L'amour du coeur est en quelque sorte charnel, car il oriente l'affection du coeur humain surtout vers la chair du Christ et vers ce que le Christ a fait et commandé aux jours de sa chair.
Celui qui est rempli de cet amour se laisse aisément attendrir par tout discours concernant ce sujet. Rien qu'il n'écoute plus volontiers, qu'il ne lise avec plus d'attention, qu'il ne se représente plus souvent, qu'il ne médite avec plus de douceur.
Lorsqu'il prie, il voit se dresser devant lui l'image sacrée de l'Homme-Dieu tantôt naissant, tantôt au sein maternel, tantôt enseignant, tantôt mourant, tantôt ressuscitant ou montant au ciel.
Voilà, à mon sens, le motif principal pour lequel le Dieu invisible voulut être vu dans la chair et vivre en homme parmi les hommes. Il voulait ramener d'abord à l'amour salutaire de sa chair toutes les affections des hommes charnels, qui ne pouvaient aimer que charnellement.

Et il annonce la suite, un amour qui dépasse l'amour charnel :

Ainsi, il les (aux apôtres) conduirait par degrés à l'amour spirituel. (§ 6).
Il leur montrait ensuite un degré plus élevé de l'amour, en disant : « C'est l'Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien » (Jn 6, 64). Donc, la ferveur à l'égard de la chair du Christ consolera, en attendant, celui qui n'a pas encore l'Esprit vivifiant, ou qui ne l'a pas assez pour pouvoir dire : « Même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi » (2 Co 5,16).
Car on ne peut nullement aimer le Christ, fût-ce dans sa chair, sans l'Esprit-Saint ; mais on ne l'aime pas encore en plénitude. Voici la bonne mesure de cette ferveur : sa douceur doit occuper le coeur tout entier et le revendiquer si totalement pour soi, qu'il n'y ait plus de place pour l'amour de toute chair et de ses plaisirs. C'est cela, aimer de tout son coeur. (§ 7)
Une telle ferveur à l'égard de la chair du Christ est un don de l'Esprit, et même un grand don.
Pourtant, je qualifie cet amour de charnel, du moins par rapport à cet autre amour, qui ne nous fait plus goûter le Verbe chair autant que le Verbe sagesse, le Verbe justice, le Verbe vérité, le Verbe sainteté, pitié, vertu, et tout ce qui peut se dire de semblable. Car tout cela c'est le Christ, « qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption » (Mt 10, 37). (§ 8)
C'est cela aimer Dieu de toute son âme. Et si, de plus, l'Esprit nous vient en aide avec une telle vigueur que ni la violence des labeurs et des tortures, ni même la peur de la mort, ne peuvent jamais nous faire abandonner la justice, alors nous aimons aussi de toute notre force. C'est là l'amour spirituel. (§ 9)

 

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Sermon 1. Pour une jubilation du cœur

2. Le baiser : Jésus, homme et Dieu

3. Miséricorde

4. Du pardon à la communion

(Pas d'extraits du sermon 5 qui répond à des questions parti-culières de ceux qui l'entourent)

6. Justice et miséricorde

7. « Du trop plein du cœur »

8. Communion d'amour
(La Trinité)

9. « Le désir de son cœur »

10. Des bienfaits de Dieu

11. Le plus grand des dons

13. La source des bienfaits

(Pas d'extraits du sermon 14)

15. Des noms pour Jésus

17-18. L'Esprit-Saint