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La pensée cistercienne :
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Dans ses sermons sur le Cantique des cantiques
BERNARD de CLAIRVAUX CHANTE L'AMOUR
Sermon 21 : Le Seigneur est notre secours
« Entraîne-moi sur tes pas, nous courrons à l’odeur de tes parfums » (Ct 1, 3)
Quoi ! l’épouse a donc besoin d’être entraînée, et par surcroît sur les pas de son Epoux, comme si elle le suivait à contrecœur, et non de son plein gré ? Mais ceux qui sont entraînés ne le sont pas tous à contrecœur.
L’épouse veut être entraînée, puisqu’elle le demande. Car elle ne le demanderait pas, si elle pouvait, selon son désir, suivre son bien-aimé par ses propres forces.
Mais pourquoi ne le peut-elle pas ? L’épouse semblait assez forte et assez avancée dans la perfection pour pouvoir entraîner aussi les autres. Qui ne trouvera étrange qu’elle même ait besoin d’être entraînée, comme si, elle était invalide ou impotente ? Quelle âme pourrons-nous considérer comme valide et saine, si nous consentons à déclarer infirme celle qui mérite le nom d’épouse du Seigneur par sa perfection singulière et sa vertu éminente ?Quelle que soit la perfection d’une âme, tant qu’elle gémit dans « ce corps de mort » (Ro 7, 24) et qu’elle est retenue dans la prison de ce monde mauvais, esclave de la nécessité, tourmentée par les crimes, il faudra bien qu’elle s’élève très lentement et péniblement à la contemplation des mystères sublimes. Elle ne sera certes pas libre de « suivre l’Epoux partout où il ira » (Ap 14, 4) De là ce gémissement éploré : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? « (Ro 7, 24).
L’épouse donc dira, elle aussi, en gémissant : « Entraîne-moi sur tes pas, car le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et cette demeure terrestre accable l’intelligence par une multitude de pensées » (Sg 9, 15). Ou bien dît-elle cela dans son désir de mourir et d’être avec le Christ ? (§ 1)
Puisqu’elle dit « sur tes pas », il me semble qu’elle demande plutôt la grâce de suivre ses traces, d’imiter sa vertu, d’adopter sa règle de vie et d’assimiler son comportement. En tout cela elle a le plus grand besoin d’aide, pour pouvoir « se renier elle-même, prendre sa croix et suivre » (Mt 16, 24) ainsi le Christ. Ici il faut absolument que l’épouse soit entraînée, et entraînée par celui-là seul qui dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5).
« Je sais, dit l’épouse, que je ne puis, d’aucune façon parvenir jusqu’à toi, sinon en marchant sur tes pas. Mais cela même m’est impossible sans ton aide. Voilà pourquoi je te prie de m’entraîner sur tes pas. » Oui, « heureux l’homme dont tu es le secours ! Il a disposé en son cœur des montées à gravir dans cette vallée de larmes » pour parvenir un jour jusqu’à toi sur les montagnes de la joie.
Heureux ceux qui ont été jugés dignes de recevoir ton témoignage, Jésus miséricordieux ! Eux vraiment marchaient sur tes pas, corps et âme. « Tu leur a fait connaître les chemins de la vie. » (Ps 15, 10) Ainsi disaient-ils avec fierté : « Voici que nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi » (Mt 19, 27) (§ 2)
C’est ainsi que ta bien-aimée, ayant tout quitté pour toi, désire toujours aller à ta suite, toujours marcher sur tes traces et « te suivre partout où tu iras » (Lc 9, 57). Car elle sait que « tes chemins sont des chemins de beauté, tous tes sentiers des sentiers de paix. (Pr 3, 17) (§ 3)J’ai besoin d’être entraînée parce que le feu de ton amour s’est un peu refroidi en nous, et par ce froid nous ne pouvons plus courir comme hier et avant-hier. Mais nous courrons par la suite, quand « tu nous auras rendu la joie de ton salut » (Ps 35, 7), quand sera revenu l’air plus doux de la grâce, quand le soleil de justice répandra à nouveau sa chaleur et balaiera les nuages de la tentation qui le voilent pour le moment.
Ne le vois-tu pas ? Celui qui « marche sous l’impulsion de l’Esprit » (Ga 5, 4) ne peut nullement demeurer dans le même état, ni avancer toujours avec la même aisance.
Mais selon les forces que lui donne, à son gré, l’Esprit qui le dirige, « il oublie ce qui est en arrière et il va de l’avant » ( Phil 3, 15) tantôt avec plus de lenteur, tantôt avec plus d’élan. (§ 4)
Lors donc que tu te sens atteint de torpeur, de dégoût, d’ennui, ne perds pas confiance pour autant, et ne renonce pas à l’effort spirituel. Au contraire, cherche la main de Celui qui te porte secours. A l’exemple de l’épouse, implore-le pour qu’il t’entraîne jusqu’à ce que tu retrouves, sous l’impulsion de la grâce, une course plus agile et plus allègre. Ainsi tant que la grâce est là, réjouis-toi en elle, mais ne va pas croire que tu possèdes le don de Dieu par droit héréditaire, comme si tu étais assuré de ne jamais pouvoir le perdre. Sinon, pour peu que Dieu retire sa main et te prive de son don, tu perdrais cœur aussitôt et tu sombrerais dans une tristesse excessive.
Si tu veux agir avec sagesse, suis plutôt le conseil du sage, « en ayant soin aux jours de malheur de ne pas oublier le bonheur, et au jour du bonheur de ne pas oublier le malheur » (Si 11, 27). (§ 5)
Quand tu seras plein de courage, ne sois pas sûr de toi-même, mais crie vers Dieu avec le Prophète, et dis-lui : « Lorsque le courage me manquera, ne m’abandonne pas » (Ps 70, 9). Au temps de la tentation, console-toi, et dis avec l’épouse : « Entraîne-moi sur tes pas, nous courrons à l’odeur de tes parfums ». Ainsi l’espérance ne t’abandonnera pas aux mauvais jours, ni la prudence aux jours favorables. Même parmi les réussites incertaines et les défaillances certaines de ce monde instable, tu te procureras une sorte d’immutabilité perpétuelle. Tu commenceras de te renouveler et de te réformer à l’antique image et à la ressemblance du Dieu éternel. (§ 6)Faut-il s’étonner que l’épouse ait besoin d’être entraînée ?
« Ne m’abandonne pas, mais entraîne-moi sur tes pas, de peur que je ne commence à suivre en vagabonde d’autres amants’ (Os 2, 13) et à courir à l’aventure. Il vaut mieux pour moi que tu m’entraînes, c’est-à-dire que tu me fasses violence, soit par la terreur des menaces, soit par les coups de fouet, plutôt que de me ménager et de me laisser mal assurée dans ma tiédeur. Entraîne-moi contre mon gré, pour que je te suive de plein gré; entraîne-moi engourdie pour me rendre agile à la course ».
Même si j’ai demandé à être entraînée seule, je ne courrai pas seule ; les jeunes filles courront avec moi. Nous courrons du même pas, nous courrons ensemble, moi à l’odeur de tes parfums, elles stimulées par mon exemple et mes encouragements. (§ 9)Que cette parole t’apprenne, lors de l’épreuve spirituelle, à espérer un double secours d’en haut : la correction et la consolation. L’une éprouve du dehors, l’autre visite au dedans. La première réprime l’insolence et engendre l’humilité, la seconde inspire la confiance et réconforte la faiblesse ; l’une rend prudent, l’autre fervent. La première enseigne la crainte du Seigneur, la seconde tempère cette crainte par la joie du salut. (§ 10)
Nous sommes entraînés lorsque nous sommes éprouvés par les tentations et les tribulations ; nous courons lorsque, visités par les consolations et les inspirations intérieures, nous respirons des parfums exquis.
« C’est pourquoi ce qui parait austère et dur, je le réserve pour moi, qui suis forte, saine et parfaite, et je dis au singulier, entraîne-moi. Ce qui est doux et agréable, je le communique à toi qui est faible et je dis : « nous courrons ».
Nous courrons, oui, nous courrons, mais à l’odeur de tes parfums, non pas en nous fiant à nos mérites. Nous ne mettons pas notre confiance dans la grandeur de nos forces, mais dans l’abondance de tes miséricordes. » (§ 11)
Sermon 1. Pour une jubilation du cœur
2. Le baiser : Jésus, homme et Dieu
3. Miséricorde
4. Du pardon à la communion
(Pas d'extraits du sermon 5 qui répond à des questions parti-culières de ceux qui l'entourent)
6. Justice et miséricorde
7.
« Du trop plein du cœur »
8. Communion d'amour
(La Trinité)
9.
« Le désir de son cœur »
10. Des bienfaits de Dieu
11. Le plus grand des dons
13. La source des bienfaits
(Pas d'extraits du sermon 14)
15. Des noms pour Jésus
17-18. L'Esprit-Saint
19-20. Aimer Dieu
21. Le Seigneur est notre secours