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Dans ses sermons sur le Cantique des cantiques
BERNARD de CLAIRVAUX CHANTE L'AMOUR
Sermon 22 : la plénitude des dons
Je pense en effet que l’Époux possède des aromates et des parfums de toutes sortes, et en grand nombre. Il y en a dont seule l’épouse peut jouir, car elle est plus proche et plus intime de l’Époux. D’autres, par contre, parviennent jusqu’aux jeunes filles. D’autres enfin atteignent même les étrangers fort éloignés, afin que « personne n’échappe à sa chaleur » (Ps 18,7) Mais, bien que « le Seigneur soit doux pour toutes les créatures » ( Ps 144, 9), il l’est tout spécialement pour ses familiers. Plus on entre dans son intimité, mieux on sent, je crois, la fraîcheur des aromates et la douceur de l’onction. (§ 1)
Il y a des gens qui grâce à la pureté de leur esprit, sont capables de saisir par eux-mêmes des sens plus profonds que ceux que nous exposons. Pour moi, homme parlant à des hommes, je vous le (le Roi) montre homme, selon la forme en laquelle il s’est manifesté par un excès de complaisance et d’amour. Je le montre doux plutôt que majestueux, oint et non pas sublime. Bref, tel que « l’Esprit du Seigneur l’a oint et l’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, proclamer aux captifs le pardon et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce pendant laquelle le Seigneur se laisse apaiser » (Is 61, 2). (§ 3)
Au sujet des parfums de l’Époux, je mets en commun ce que j’ai puisé à la tradition commune :
« La source scellée a jailli du jardin fermé. » (Ct 4, 12)
Cette source s’est répandue en quatre ruisseaux et s’est écoulée sur les places où elle nous montre que « Dieu l’a faite pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption » (1 Co 1, 30).
Ces quatre ruisseaux sont comme autant de ruisseaux très précieux, car rien n’empêche d’y voir deux sens : l’eau et l’onction. L’eau parce qu’ils purifient, l’onction parce qu’ils embaument. (§ 4)
Sagesse par la prédication, justice par la rémission des péchés, sanctification par sa fréquentation des pêcheurs, rédemption par la Passion qu’il a endurée pour eux. (§ 6)« Que devait-il faire pour toi qu’il n’ait pas fait ? » (Is 5, 4)
Il a donné la lumière à l’aveugle, délié le captif, ramené l’égaré, réconcilié le coupable. Qui ne courrait avec joie et empressement sur les pas de celui qui délivre de l’erreur et ne tient pas compte des fautes, qui par sa vie nous confère les mérites et par sa mort nous acquiert les récompenses ? quelle excuse peut avoir l’homme qui ne court pas à l’odeur de ces parfums, à moins que cette odeur ne lui soit pas parvenue ? Mais en fait « l’odeur de la vie » (2 Cor 2, 16) « s’est répandue sur toute la terre » (Ps 18,5) car « la terre a été remplie de la miséricorde du Seigneur » (Ps 32, 5) et « ses bontés s’étendent sur toutes ses œuvres » (Ps 144,9)
Nous courons sur tes pas, Seigneur Jésus, à cause de cette mansuétude qu’on célèbre en toi. Car nous entendons dire que tu ne méprises pas le pauvre, que tu ne repousses pas le pécheur.
L’odeur de ta sagesse, nous la percevons dès lors que nous avons entendu ces paroles : « Si quelqu’un est dépourvu de sagesse, qu’il t’en fasse la demande, et tu lui donneras ». On dit que « tu donnes à tous avec magnificence et sans faire de reproche » (Jc 1, 5).
L’effluve de ta justice, lui, se répand partout avec une telle intensité qu’on ne t’appelle pas simplement le juste, mais la justice même et la justice justifiante. Car tu es aussi puissant pour justifier qu’ « indulgent pour pardonner » (Is 55,7)
L’odeur de la rédemption, combien n’en fait-elle pas courir ! « Lorsque tu es élevé de terre, tu attires tout à toi » ( Jn 12, 32). Ta passion est l’unique refuge, le remède unique. Si la sagesse fait défaut, si la justice ne suffit pas, si les mérites de la sainteté nous manquent, ta Passion vient à notre secours.
Illumine mes yeux, Seigneur, « pour que je sache ce qui t’est agréable » (Sg 9,10) en tout temps, et me voici sage. « Ne te souviens pas des égarements de ma jeunesse ni de mes erreurs » (Ps 24, 7) et me voici juste. « Conduis-moi sur ton chemin et me voici saint » (Ps 85, 11). Mais si ton sang n’intercède pour moi, je ne suis pas sauvé. Pour tout cela nous courons sur tes pas. (§ 8)
Néanmoins, nous ne courons pas tous du même pas à l’odeur de tous ces parfums. Les uns sont surtout embrasés du désir de la sagesse ; d’autres sont plutôt poussés au repentir par l’espérance du pardon ; certains sont davantage engagés à la pratique des vertus par l’exemple de la vie du Christ et de sa conduite ; d’autres enfin sont entraînés à la piété surtout par le souvenir de sa passion. (§ 9)
Dans le Christ, la plénitude des choses est sans nombre et sans mesure. Non, « sa sagesse n’est pas mesurable » (Ps 146, 5), sa justice est comme les montagnes de Dieu (Ps 35, 7), les montagnes éternelles, sa sainteté est unique et sa rédemption inexplicable.
Photo : Au cours de Vêpres, un moine attise l'encens
Voir présentation des commentaires de saint Bernard sur le Cantique des cantiques
et la liste des extraits cités